Le recrutement de maîtres de stage des universités (MSU) est un enjeu d’importance pour encadrer les futurs Drs Juniors de médecine générale qui entameront leur quatrième année à la rentrée universitaire 2026-2027. Mais ce n’est pas un long fleuve tranquille. Le Pr Olivier Saint-Lary, président du CNGE a alerté sur la nécessité de rendre ce statut attractif pour attirer suffisamment de candidats, de préférence de qualité, à l’occasion d’une table ronde organisée vendredi 1er mars au congrès de l’Isnar-IMG,
« Le nombre de MSU dépendra inévitablement des conditions qui leur seront proposées. Le ministère devrait trancher cette question dans les prochains mois, a-t-il glissé, avant de prévenir : Si ce statut est repoussoir, les médecins n’iront pas et cela pourrait poser de grosses difficultés pour l’encadrement de cette année de formation supplémentaire ». Ce statut devra être attractif mais pas trop afin d’éviter tout « effet d’aubaine ». « Nous y veillerons, a assuré le médecin généraliste, il faut trouver le juste équilibre ». Pas simple.
Séduire les médecins accueillants
Aujourd’hui, le nombre de MSU en médecine générale se situe à 13 000. Le premier rapport sur la quatrième année – élaborée par une mission composée de quatre experts (les Prs Nanou Pham, Stéphane Oustric, Olivier Saint-Lary et l'interne Mathilde Renker) – préconisait de porter ce chiffre à 16 000 d’ici à novembre 2026.
Si cet objectif n’est pas atteint dans les délais impartis, les textes réglementaires prévoient qu’un médecin thésé (non MSU) puisse se charger de la supervision de l’interne. « Évidemment, cela doit rester une exception », a prévenu le Pr Olivier Saint-Lary, lors du congrès.
Mais dans ce cas de figure, les candidats devront faire montre de compétences particulières. « Il faudra que ces médecins accueillants aient une bonne connaissance des textes réglementaires relatifs au statut de Dr junior et qu’ils aient à l’esprit l’ensemble des dispositions pour mettre l’interne en sécurité, a détaillé le Pr Saint-Lary. Le médecin encadrant devra par ailleurs rester joignable et à proximité de l’interne. Il devra également signer une convention régissant l’aspect fonctionnel du terrain de stage, en garantissant aux internes l’accès à du matériel adéquat ». Avec cette mesure, confirme le généraliste de Poissy, « l’idée est que des médecins un peu allergiques ou réticents à l’idée de se former – mais ayant l’envie d’accompagner des jeunes – puissent le faire en recevant une formation plus légère que celle de MSU ».
Il y a fort à parier qu’une fois investi dans ce rôle, les médecins accueillants seront plus à même de s’engager, le temps venu, dans une formation à la maîtrise de stage. « Ils auront déjà un pied dans la porte, la transition pourra se faire plus naturellement », a fait valoir l’enseignant-chercheur.
Autre enjeu : l’encadrement des thèses. À ce propos, la mission sur la 4e année avait proposé dans son rapport que des formations indemnisées soient accordées aux MSU pour leur permettre de devenir directeurs de thèse. « C’est un sujet très important, mais pour l’instant nous sommes toujours en attente de retours de la part des ministères », a rappelé le Pr Saint-Lary devant un parterre d’internes. La mission – qui a repris ses travaux en septembre – devrait remettre très prochainement de nouvelles propositions au gouvernement.
Rémunération des Drs Juniors : le doute persiste
Quand c’est flou, c’est flou. Deux anciens ministres de la Santé (François Braun et Aurélien Rousseau) l’ont bien promis : les Drs Juniors seront bientôt bénéficiaires d’un modèle de rémunération associant une part fixe (1 900 euros net mensuels) et une rétrocession d'honoraires de 20 % (paiement à l'acte) – pouvant ainsi aller jusqu’à 4 500 euros par mois. Mais le Pr Olivier Saint-Lary, lucide, a appelé les internes à rester prudents : « Pour l’instant le nouveau ministère ne s’est pas prononcé sur le sujet. À votre place je resterais vigilant. Vous allez peut-être devoir vous battre pour que ces promesses soient tenues ». Il faut dire que cette idée ne plaît pas à tout le monde. Dans une lettre adressée au ministère de la Santé, la Conférence des doyens s’est dite « formellement opposée » à l’introduction d’une rémunération à l’acte pour les futurs Drs Juniors de médecine générale, estimant cette mesure « contraire à l’éthique pédagogique ». Le 1er mars, les conférences nationales des présidents de CME de CHU et de CH se sont jointes à cette position. Selon eux, une rémunération à l’acte des internes pourrait non seulement altérer la qualité des soins et la formation mais aussi « introduire une rupture d’égalité avec les internes et les maîtres de stage des autres spécialités ».
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