Cet été, j’ai eu l’occasion de faire des vacations dans un centre de vaccination. Ce fut une expérience humaine extrêmement riche. Oui, il y avait des patient·e·s antivax, ou opposé·e·s à la politique gouvernementale. Mais ce ne sont pas d’eux dont je vais parler aujourd’hui.
Certain·e·s étaient réellement inquiet·e·s : leurs familles, leurs ami·e·s, mais surtout les médias transmettent tellement d’informations différentes (et alarmantes) qu’il est difficile de faire le tri. Certain·e·s pensaient que la 1re dose contenait de l’eau, ou quelque chose pour préparer à la 2e dose : « pourquoi ne fait-on pas directement la 2e dose ? » était une question récurrente. D’autres pensaient que la 2e dose était plus forte, ou d’un produit différent qui a rendu leurs proches malades, les rendant réticents à la 2e dose.
Je me suis alors interrogée sur la pédagogie faite autour de la vaccination ces dernières années, et la manière dont je pouvais agir à mon niveau. J’ai finalement trouvé un début de réponse auprès des enfants.
Quand je recevais un·e enfant, je tentais de lui expliquer simplement comment fonctionnait la vaccination. Petite, je voulais comprendre ce qu’il se passait dans mon corps, et j’ai pensé que d’autres pourraient être intéressés. Et au final, c’était une bonne idée. Certain·e·s étaient content·e·s de se souvenir de leurs cours de SVT de 3e sur la mémoire immunitaire. Les plus jeunes avaient souvent énormément de questions : sur le vaccin, les sérologies, les PCR, les allergies – cela montre à quel point ils absorbent les informations fournies par les médias et les craintes de leurs parents – mais aussi sur les bleus qu’ils se sont fait au sport… Preuve que comprendre leur corps les intéresse !
Parler à ces enfants m’a rappelé à quel point j’aime mon métier. La vaccination prenait sens à leurs yeux. J’ai été touchée par leur intérêt, et leurs remerciements pour leur avoir expliqué « comme à un adulte ». Une ado, arrivée en pleurant par appréhension de la piqûre, m’a même dit que « ça ne s’était jamais aussi bien passé ».
NB : Mon petit conseil pour ceux qui ont peur des piqûres : la cohérence cardiaque !
Mais ce qui m’a peut-être le plus étonnée, c’est la réponse des parents face à ces explications. Ils comprenaient alors pourquoi il pouvait y avoir des symptômes. Ils ont toujours su que les vaccins donnaient une poussée de fièvre chez le bébé, sans réellement questionner ce point. La vaccination prenait alors sens à leurs yeux. Et pas seulement la vaccination Covid, qui ne sera, je l’espère, qu’une parenthèse dans nos vies. La recrudescence de maladies que l’on ne pensait plus voir grâce à la vaccination montre que nous avons échoué dans la pédagogie vaccinale. Quand je dis « nous », je parle de l’État, de l’Éducation nationale, des médecins, et même des étudiant·e·s, comme moi. Nous n’avons pas réussi à rassurer nos proches concernant la vaccination Covid, malgré toute notre bonne volonté et nos tentatives d’explications. De fait, la réponse à la problématique vaccinale doit être collective.
Je tiens à ajouter un petit mot sur les personnes âgées. Certain·e·s venaient avec leurs petits-enfants et racontaient qu’ils avaient eu tous les vaccins possibles, même la variole, avec des aiguilles bien plus grosses, et qu’ils étaient très contents d’avoir accès à la vaccination. Eux aussi ont leur rôle à jouer dans la promotion de la vaccination : écoutons-les !
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