Lucie Kerdoncuff, interne en première année de médecine générale à La Réunion, actuellement en stage au service d’urgences du CHU de Saint-Pierre (site sud du centre hospitalier), a été réquisitionnée pendant 48 heures lors du passage du cyclone Belal, qui a frappé l’île du lundi 15 janvier au mardi 17 janvier.
Arrivée sur place dès le dimanche soir – juste avant le passage de l’île en alerte rouge – l’étudiante a participé avec l’ensemble de l’équipe soignante à la réorganisation du service. « Au début il ne s’est pas passé grand-chose. Nous avons dû vider au maximum les urgences, renvoyer les patients ne nécessitant pas d'hospitalisation pour pouvoir en accueillir d’autres, notamment des personnes âgées. Il s’agissait en majorité de patients grabataires dans l’incapacité de rester seuls chez eux car bénéficiant habituellement d’un passage infirmier quotidien », raconte-t-elle.
En quelques heures, le service d’urgences est ainsi transformé en service d’hospitalisations. « Au moment du passage en alerte violette, nous avons gardé tous les patients. Plus aucune entrée n’a pu être enregistrée, explique la jeune femme. Nous avons essayé d’assigner un lit à chaque patient. Tout s’est très vite rempli. Au total, il ne restait qu’à peine dix places libres à l’hôpital dont une ou deux en cardiologie et en réanimation en cas d’urgence vitale. J’ai dû prendre en charge un patient qui aurait dû normalement relever du service de neurologie », confie l’étudiante.
Malgré cet engorgement de l’hôpital, « le service d’urgence était particulièrement calme, reconnaît Lucie. Nous avons pu nous occuper des patients convenablement. Le gros du travail a été de “checker” qu’ils aillent bien et de leur administrer les médicaments en attendant que le cyclone passe. Tout était bien rodé. Il y avait une équipe de jour et de nuit et on alternait », décrit-elle. En revanche, les autres services pâtissent davantage de la situation. « Je sais que certains médecins ont vraiment été sous l’eau… ».
Dans les deux sens du terme. « Plusieurs services ont subi des fuites très importantes au niveau des fenêtres. De notre côté, nous avons eu quelques infiltrations au niveau du plafond. Nous avons dû disposer des bassines et des draps dans les couloirs pour absorber tout ça. » Heureusement, aucune coupure d’eau ni d’électricité n’a été à déplorer. « C’était un peu “roots” mais pas la catastrophe. Tout était bien organisé car les équipes ont assuré, il n’y a pas eu de couacs », résume l’interne qui salue la solidarité du collectif.
Malgré ce moindre mal, se posera bientôt la question de la rénovation des bâtiments du CHU de La Réunion. En octobre, la Cour des comptes a révélé que l’établissement n’a jamais perçu sa part de l’aide financière d’un milliard d’euros promise par l’État et destinée aux hôpitaux d’Outre-mer. Le centre hospitalier de l’île est aujourd’hui encore déficitaire de 50 millions d’euros.
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