Médecins aux JO : l’interne Gabriel Bordier, en marche vers le podium

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Publié le 29/06/2024

Qu’ils soient athlètes, membres des staffs ou de l’organisation, plusieurs médecins ou futurs praticiens vont prendre part aux Jeux olympiques de Paris. À quelques jours de la cérémonie d’ouverture, « Le Quotidien » les met en lumière. Aujourd’hui, rencontre avec Gabriel Bordier, en 9e année de médecine, actuellement interne en rhumatologie et qui défendra les couleurs de la France dans l'épreuve individuelle du 20 km marche et le relais mixte.

Crédit photo : DR

Aux derniers championnats d’Europe d’athlétisme qui se sont déroulés le 8 juin à Rome, Gabriel Bordier s’est hissé à la quatrième place du 20 km marche en 1 h 20 min 45 s, un résultat de bon augure à l’approche des Jeux olympiques. Si l’athlète reconnaît que l’organisation de la compétition en France ajoute une « pression supplémentaire », il fait preuve d’une grande sérénité. « J’ai vécu les JO de Tokyo en 2021, je sais à quoi m’attendre. En termes d’objectifs, si je ne suis pas dans les huit premiers, ce sera une déception. Un podium ? Pourquoi pas ? Je ne m’interdis pas de rêver ! »

Autre souvenir, « le plus beau », le jeune interne a terminé dans le top 10 du championnat du monde en 2023. « Je vais retrouver les mêmes athlètes et je veux évidemment faire mieux ». L’objectif de se dépasser anime Gabriel Bordier depuis l’enfance. C’est à l’âge de cinq ans qu’il découvre l’athlétisme. « Mes parents habitaient à côté de la piste de Saint-Berthevin en Mayenne. J’ai pratiqué toutes les disciplines avant de m’orienter vers l’endurance, et le club comptant plusieurs marcheurs de bon niveau, j’ai rapidement pris goût à la compétition. »

La médecine, sur le tard

Le choix de la médecine s’est en revanche imposé « sur le tard ». Après avoir obtenu un baccalauréat scientifique spécialité Sciences de la vie et de la terre, Gabriel Bordier hésite entre la faculté de médecine et celle de biologie. « Le goût des sciences et du sport m’a fait opter pour la première ». Externe, il pense s’orienter vers la chirurgie osseuse avant de s’intéresser, en sixième année, à des disciplines faisant appel à davantage de transversalité. Médecine générale, médecine du sport, médecine physique et de réadaptation, rhumatologie ? C’est finalement cette dernière qui l’emporte. « Elle fait appel à l’oncologie, à l’infectiologie ou encore à toutes nos connaissances sur l’appareil locomoteur. La formation à l’échographie m’intéressait par ailleurs beaucoup », détaille-t-il.

Si la médecine et le sport sont particulièrement complémentaires quand il s'agit d'adopter une bonne hygiène de vie par exemple, la compétition introduit des paramètres plus « complexes ». « J’ai la chance d’être suivi par le médecin de la Fédération française d’athlétisme qui exerce au CHU d’Angers, le Dr Antoine Bruneau. Il me connaît très bien. Nous parlons le même langage médical, c’est un atout. Mais il faut que j’apprenne à être plus discipliné après une blessure. J’ai toujours envie de reprendre le plus vite possible et ma casquette d’interne n’y change rien », admet l’athlète.

Si je dois arrêter mon parcours sportif, j’ai l’assurance de pouvoir exercer un métier que j’aime

 

Des adaptations à la fac

Médecine et sport ont aussi en commun de représenter deux piliers solidement ancrés dans la vie de Gabriel Bordier qui n’a jamais songé à abandonner l’une ou l’autre. « J’ai la chance de pouvoir vivre le sport comme une passion. Je ressens moins de pression que les sportifs professionnels. Si je dois m’arrêter, j’ai l’assurance de pouvoir exercer un métier que j’aime. Je sais que je devrais renoncer un jour aux compétitions de haut niveau mais je n’arrêterai jamais de courir. J’en ai besoin pour me défouler et me vider la tête », ajoute le Mayennais qui a aussi eu la chance d’obtenir des aménagements de son emploi du temps dès sa deuxième année à la Fac d’Angers. La direction lui a en effet offert la possibilité de rattraper des cours ou encore de remplacer le contrôle continu par un seul examen en fin d’année. « Ces dérogations m’ont beaucoup aidé, notamment lorsque je partais m’entraîner à l’étranger pendant plusieurs semaines. Lorsque j’étais externe, j’étais en stage le matin, je m’entraînais l’après-midi et je travaillais les cours le soir. Pour l’internat, j’ai négocié avec l’agence régionale de santé et le CHU d’Angers de pouvoir libérer 30 % de mon temps de travail », explique l’athlète qui a aussi fait le choix de se mettre en disponibilité depuis début mai pour se préparer au mieux aux JO. « Je réalise deux entraînements par jour auxquels s’ajoutent de nombreuses séances de préparation physique. »

Sa première compétition aura lieu le 1er août avec, tout au long du parcours pour l’encourager, sa famille, ses amis, ses nombreux supporters. Heureux et confiants.


Source : lequotidiendumedecin.fr