Comment expliquer qu’un tiers des généralistes et des patients aient le sentiment que leurs relations se dégradent ?
Caroline de Pauw : D’un côté, les médecins ont parfois l’impression que l’on remet en cause leurs savoirs et leurs compétences. De l’autre, les patients essaient de davantage se faire entendre. Nous vivons une phase de transition ; on sort du paternalisme médical pour tendre vers l’autonomisation. Médecins et patients sont dans l’incompréhension et doivent instaurer une communication plus fluide.
Les médecins ont beaucoup de griefs contre les patients qui seraient à l’origine de la montée des incivilités. Percevez-vous ce phénomène ?
C. d. P. : Les médecins ont toujours dénoncé les incivilités et ils ont toujours eu des patients qui leur posaient des lapins. On observe une libération de la parole des deux côtés avec l’émancipation des patients et la volonté des médecins de sortir du sacerdoce. Cette étude traduit la convergence de ces deux mouvements. Le médecin n’apparaît pas toujours disponible au moment où le patient le souhaite. Dans le même temps, il est parfois perturbé par les demandes jugées pressantes des patients car ce n’est pas le modèle qu’on lui a appris à l’hôpital.
Les patients expriment moins leur perception de cette dégradation du colloque singulier (29 % contre 38 % pour les médecins). Pourquoi ?
C. d. P. : On le voit bien avec la crise du coronavirus : vers qui se tournent les gens pour poser leurs questions ? Vers leur médecin traitant. C’est en lui que les Français ont le plus confiance. L’écoute, qui est primordiale dans la relation avec le médecin généraliste, peut être améliorée, c’est sûr, mais la confiance est là. Il y a quelques années, les patients n’osaient pas tout dire à leur médecin, lui demander un médicament ou aborder un point complexe car ils avaient une image sacro-sainte du médecin. Les praticiens se retrouvent parfois en difficulté car on ne leur apprend pas à dire non à leurs patients. Mais dans l’ensemble, les usagers apprécient leur médecin, ce que traduit la note convenable qu’ils lui attribuent.
*sociologue et directrice de l’URPS des Hauts-de-France
Caroline de Pauw* : « Nous traversons une phase de transition »
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