La pédopsychiatrie, une spécialité en souffrance

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Publié le 10/11/2023
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Le nombre de médecins est en chute libre depuis dix ans.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

En raison du flou entourant la définition de pédopsychiatre, il est « impossible de quantifier le nombre de professionnels psychiatres spécialisés dans la prise en charge des enfants et des adolescents », prévient la Cour des comptes dans son rapport sur la pédopsychiatrie de mars 2023. En se limitant à une définition stricte de cette spécialité (la mention qui en est faite sur le DES), les sages de la rue Cambon sont parvenus à en recenser 545 pour l’année 2021. Un (maigre) contingent qui est cependant multiplié par 3,5 si l’on y ajoute « les psychiatres ayant déclaré un savoir-faire en psychiatrie infanto-juvénile ». L’effectif ainsi retenu atteint environ 2 000 praticiens.

Le nombre de pédopsychiatres a chuté de manière drastique depuis 2012 : de - 26 % à - 42,5 % selon, encore une fois, la définition de la compétence adoptée. À l’évidence, la crise démographique de cette profession spécifique s’intensifie, et ce alors même que les effectifs globaux de psychiatres augmentent de façon continue depuis 2012. En 10 ans, ils sont passés de 14 382 à 15 560.

Conséquence logique, en ville, le nombre de patients mineurs reçus diminue du fait « de la baisse du nombre de psychiatres compétents pour prendre en charge des enfants et des adolescents », déplore la Cour des comptes, chiffres à l’appui. Alors que les psychiatres de ville suivaient 149 300 patients mineurs en 2016, ce chiffre tombe à 127 008 en 2021, soit une diminution de - 14,9 %. À l’arrivée, en ambulatoire, ce sont aujourd’hui les centres médico-psychologiques infanto-juvéniles qui restent le principal lieu de prise en charge des enfants et des adolescents souffrant de troubles psychiques. En 2021, ces structures ont accueilli environ 360 000 enfants, soit 78 % de la prise en charge de ville en pédopsychiatrie. Au point d'être submergés.

*Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques

François Petty

Source : Le Quotidien du médecin