"Quand j'ai constaté qu'il était en état de manque, j'ai prescrit, c'est tout". Un médecin de 81 ans était jugé mercredi pour avoir prescrit de la méthadone à un toxicomane, mort en garde à vue il y a sept ans à Rouen, à l'âge de 21 ans.
Au matin du 8 avril 2009, le gardé à vue était en effet retrouvé mort dans sa cellule du commissariat. La veille, dans la matinée, il se sentit mal. Le médecin lui prescrivit d'abord des anxiolytiques, puis, en fin de journée, 80 mg de méthadone. Dans cette affaire, les experts ont estimé que le praticien s'était "laissé abuser par un toxicomane en demande de substances psycho-actives". Et surtout, ils ont conclu que la mort a été causée par un surdosage de méthadone, associé aux médicaments pris précédemment.
"Une vraie tragédie" que "cette histoire-là", survenue au crépuscule de sa carrière, estime le médecin, aujourd'hui à la retraite. "Il était en souffrance, il m'a demandé de l'aide." Malgré ses 75 ans à l'époque - "pas vieux", rétorque-t-il à la présidente qui souligne que sa tâche supposait de "se mettre à jour" -, il était "plutôt bien en forme".
Le médecin soutient que le gardé à vue lui a "affirmé qu'il prenait de la méthadone", "100 mg par jour", qui provenait du "marché noir". Mais il est le seul à le dire. Le jeune homme "en prenait de lui-même, comme il prenait de l'héroïne et de la cocaïne", dit-il. A l'audience, l'octogénaire a répèté qu'en prescrivant ce produit de traitement de la dépendance à l'héroïne, il a "assuré la continuité des soins". A la présidente qui lui demande si un médecin doit cautionner la poursuite d'un "traitement sauvage", il répond par l'affirmative: "j'ai juré de soigner les gens". En garde à vue, "on n'a pas les antécédents, on travaille en milieu fermé", conclut aussi le médecin. Son avocate, Me Nathalie Schmelck, souligne qu'il demeure une "incertitude" sur les causes du décès et plaide la relaxe. Le procès se poursuit jeudi.
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