Un contexte marqué par la colère de la base

Appel à la grève totale dans les cabinets pour le 1er décembre

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Publié le 04/11/2022
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Une coordination informelle de médecins appelle à un mouvement de grève spontanément à partir du 1er décembre pour réclamer la hausse de la consultation à 50 euros.

Crédit photo : DR

La négociation conventionnelle n'a même pas encore débuté que les syndicats représentatifs commencent déjà à être débordés par une frange très remontée de la profession. Avec le tarif de la consultation de base à 50 euros comme revendication, une coordination issue des réseaux sociaux a lancé un appel à la grève pour le 1er décembre. « Nous partons en marathon, prévient la Dr Christelle Audigier, fer de lance d'un mouvement informel. Nous ne sommes pas naïfs, l'État ne va sans doute pas nous écouter après une seule journée de grève ». Sur leur site web, les « Médecins pour demain » annoncent déjà que la première journée du mouvement sera un « coup de semonce initial » sous la forme d'une « fermeture totale des cabinets ». Puis une « grève dure » est prévue du 26 décembre au 8 janvier, « reconductible si nous ne sommes pas entendus », mettent-ils en garde.

Divan des médecins

Derrière l'écran, « plusieurs milliers de médecins libéraux de toute la France qui se sont en train de se coordonner au travers de groupes whatsapp régionaux », explique la Dr Audigier, généraliste installée dans le Rhône. Ces praticiens se sont rencontrés sur le groupe Facebook « Le divan des médecins » où les discussions ont commencé à se cristalliser, à la fin de l'été, autour de la prochaine convention médicale. Au point qu'un second groupe consacré aux revendications des médecins libéraux a été créé en septembre. Les « médecins pour demain » seraient désormais un peu plus de 9 000. « Sur Facebook, nous nous sommes rendu compte que beaucoup d'entre nous avions les mêmes revendications, raconte au « Quotidien » la Dr Christelle Meurisse, généraliste installée à Nantes depuis une dizaine d'années. Nous nous sommes dit qu'il y avait quelque chose à faire car notre profession ne va pas bien. La nouvelle convention médicale va arriver et rien ne bouge. » Les conversations en ligne ne portent d'ailleurs pas que sur les tarifs. La question de la multiplication des lapins est souvent abordée, comme celle de la surcharge de travail administratif.

Médecins asyndiqués

Pour l'heure, cette coordination ne s'oppose pas aux syndicats de médecins libéraux représentatifs, seuls habilités à négocier avec l'Assurance-maladie. « Il y a des médecins syndiqués dans notre groupe, précise la Dr Meurisse qui fait partie de la vingtaine de membres qui anime cette communauté. Mais on voit bien que très peu de médecins sont syndiqués et que la participation aux élections pour les URPS a été très faible. Nous souhaitons rassembler le plus de médecins possibles pour peser. »

Assez rapidement, deux syndicats représentatifs ont décidé de soutenir le mouvement : l'UFML, organisation elle-même issue d'une association de praticiens qui se sont rencontrés sur les réseaux sociaux, et la FMF dont une partie des adhérents est issue des coordinations qui avaient mené les grandes grèves des généralistes en 2002. Quant au SML, il estime que les revendications exprimées - en particulier la revalorisation de la consultation à 50 euros - sont en ligne avec les siennes.  « Le SML est rejoint par un groupe Facebook de quelque 9 000 médecins de tous horizons, affirme même le syndicat dans un communiqué qui « les en remercie et invite ces médecins à rejoindre ses rangs ».

« Notre mouvement reste toujours asyndical mais nous ne pouvons que nous réjouir de ces soutiens, commente la Dr Audigier. D'autres organisations nous ont apporté leur soutien officieux mais d'autres encore se sont dits circonspects ». Pour le 1er décembre, ces praticiens protestataires envisagent des rassemblements devant les Cpam et les ARS. Ils n'excluent pas non plus de manifester sous les fenêtres de la Cnam lors des séances de négociations conventionnelles.

 

V.H.

Source : Le Quotidien du médecin