Avec l’épidémie, le cloisonnement entre les professionnels de santé de premier recours s’effrite pour laisser la place à une collaboration franche, comme en témoigne, enthousiaste, le Dr Frédéric Venouil, généraliste à Colomiers (Haute-Garonne) : « On s’est mis très vite à se parler, à se découvrir et à s’organiser en un temps record pour créer des centres Covid. La dynamique de collaboration entre médecins, infirmiers, pharmaciens et kinés est enclenchée et on ne pourra pas revenir en arrière ».
Chaque médecin le sait, l'action coordonnée des équipes de soins de proximité est un facteur essentiel d’amélioration des parcours de santé, notamment pour les malades chroniques, les personnes en situation de précarité, de handicap ou de perte d’autonomie. Mais si les pouvoirs publics subventionnent de plus en plus la logique interprofessionnelle (maisons de santé, équipes de soins primaires, communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), ces organisations collaboratives peinent à convaincre au-delà du petit cercle des pionniers. C'était du moins le cas jusqu'à ce que le coronavirus chamboule les pratiques professionnelles.
« Face au Covid, les professionnels ont compris que seuls, ils ne pouvaient rien. La mayonnaise a pris. Cette crise a été un accélérateur dans les territoires où la coopération interprofessionnelle a commencé à éclore », analyse le Dr Claude Leicher, président de la Fédération des CPTS. Si, sur le terrain, la dynamique de rapprochement n'est pas feinte, encore faut-il transformer l'essai. « Le collaboratif ne se décrète pas, tempère le Dr Pascal Gendry, président d'AVECSsanté (ex-fédération des maisons et pôles de santé). Les professionnels doivent y trouver un intérêt au–delà du Covid pour poursuivre le mouvement sur d'autres projets comme les soins non programmés, la prévention et la santé publique. » Accompagnement dans le montage de nouveaux projets, allègement des contraintes administratives, rémunération pour la participation des professionnels aux missions de service public… Pour pérenniser la culture de l'interpro, les médecins n'ont de cesse de le rappeler ; les pouvoirs publics et l'assurance-maladie ont un rôle — financier — à jouer.
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