Depuis le début de l’épidémie, les élus locaux sont sur tous les fronts. Maires, conseillers départementaux et régionaux sont pleinement impliqués dans la sécurité sanitaire, dépassant largement leur domaine de compétences habituel.
Mobilisation des entreprises locales pour fabriquer des masques, achats massifs d'équipements de protection, déploiement de drive dans les mairies et de tests dans les EHPAD… Ces initiatives locales ne sont pas toujours du goût de l’État. « Dans mon département, nous avons mis en place des remontées quotidiennes de la situation dans les EHPAD. Mais on nous a dit que ça ne pouvait pas se passer comme ça, que Paris collectait les chiffres pour nous les renvoyer plusieurs jours plus tard. Nous avons perdu beaucoup de temps ainsi », s'est désolée le 30 avril devant le Sénat Brigitte Klinkert, présidente du Haut-Rhin qui regrette avoir eu affaire à « des gestionnaires » plutôt qu'à « des fonctionnaires qui sont dans l'opérationnel ». En creux, c'est la centralisation du système de santé et l'autonomie des agences régionales de santé, que d'aucuns considèrent comme factice, qui est remis en question par la crise et les coups de pression des élus locaux. « Je ne veux pas vivre avec les tests la même situation que celle que nous avons vécue avec les masques. Il faut anticiper sans attendre pour pouvoir équiper l’ensemble du territoire régional », a jeté le Dr Jean Rottner, président de la région Grand-Est, au cours de la même audition au Sénat.
Face à la fronde des collectivités territoriales, le gouvernement a dû mettre de l'huile dans les rouages. La stratégie de déconfinement présentée par Édouard Philippe le 28 avril offre un rôle crucial aux élus locaux, maires et préfets en tête, qui peuvent agir comme bon leur semble concernant la réouverture des écoles, la distribution de masques et la politique de tests virologiques. Ce regain d'autonomie sanitaire va-t-il s'arrêter après la crise ? « Il faut changer de modèle dans la construction de la politique sanitaire. C’est une révolution à faire » plaide le Dr Rottner. L'État sera-t-il prêt à engager cette décentralisation avec une nouvelle répartition claire des rôles ? À voir. L'épidémie sera peut-être le déclencheur de ce changement attendu par les collectivités locales.
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