Enquête auprès des jeunes pousses de la médecine

Dr Laurence Dahlem, médecin généraliste installée à Pessac, un pied au cabinet, un pied à la fac

Par
Publié le 31/07/2020

Qui a dit que les jeunes boudaient l'installation ? Cette généraliste de Pessac (Gironde) n'a pas hésité à se lancer après trois ans de remplacement. Elle a opté pour un exercice mixte : chef de clinique à la fac, médecin traitant en ville.

Crédit photo : DR

Pour Laurence Dahlem, la médecine n'était ni un atavisme familial, ni une vocation en soi. Comme nombre de lycéens, cette Lyonnaise née en 1988 a opté pour cette voie au moment de l'inéluctable orientation, en terminale. Trente ans plus tard, la voici pourtant, jeune généraliste enthousiaste, installée depuis janvier 2019 en cabinet de groupe avec deux autres associées, à Pessac, près de Bordeaux.

À l’instar de beaucoup de cette génération, c'est lors d'un stage en ambulatoire que survient le déclic. Car tout s'est joué lors de la 4e année, alors qu'externe, elle découvre pour la première fois, la vie d'un cabinet de médecine générale dans sa région d'origine. Cette immersion est un catalyseur. « Ça m'a vraiment beaucoup, beaucoup plus. » Dès lors, la médecine générale, c'est décidé, Laurence en fera sa spécialité. Et ça tombe bien, le monde hospitalier ne l'a jamais tentée : « Pas d'hôpital, ça c'était sûr dès le départ », se souvient-elle.

C'est à Bordeaux que la jeune femme fera ensuite son internat en novembre 2014. Un souvenir « plutôt sympa, » et qui l'a vraiment confortée dans ses attentes. S'enchaînent les multiples remplacements aussi bien dans le Lot-et-Garonne, les Landes que la Gironde. La jeune médecin se forge ainsi une belle expérience tant en milieu rural qu'urbain.

Être maître à bord

Mais après trois années effrénées de remplacements, l'envie d'installation la rattrape. Besoin d'être maître à bord : « J'avais envie de fixer mes règles pour l'exercice de la médecine et pas simplement me conformer à celles du remplacé ! » Et sentiment de se sentir à l'étroit : « Le remplacement régulier me donnait l'impression d'avoir les inconvénients de l'installation sans en avoir les avantages. Je faisais presque le même boulot que les autres installés, avec des suivis réguliers et parfois complexes, mais sans la reconnaissance du statut – pour les patients et les autres médecins je restais une remplaçante – ni la reconnaissance financière. »

Pas si simple pourtant de franchir le cap. Cela faisait quelques mois que la jeune généraliste réfléchissait à cette potentielle installation. Elle avait déjà trouvé une collègue partante pour un projet de cabinet de groupe. Arrive sur ces entrefaits, une proposition de chef de clinique au sein du département de médecine générale de Bordeaux. Une belle opportunité pour celle qui aime accompagner, expliquer et transmettre. Mais le poste suppose une installation. C'est ainsi que la Dr Dahlem se retrouve en place depuis novembre 2018 à la fac et installée à partir de janvier 2019 dans un cabinet de groupe qui avait déjà trente ans d'existence à Pessac. « C'était le bon timing, même si ça a pris un an, » raconte-t-elle. Après un dernier départ en retraite, une 3e associée peut se joindre à l'aventure. Les trois trentenaires investissent ensemble tant sur le matériel de pointe que pour « relooker » le cabinet.

Depuis, le planning du Dr Dahlem se décompose en 6 demi-journées en libéral et le restant est consacré à l'université. Ses fonctions d'enseignement concernent des internes et des étudiants de 2e et 3e années. Elle est désormais, elle aussi, maître de stage. Une promesse qu'elle s'était faite à l'époque où elle était stagiaire. Et moins d'un an après son installation, c'est chose faite ! Une façon de transmettre à son tour qui  motive beaucoup la jeune praticienne : « A posteriori, je me rends compte que ce qui a de l'importance pour moi c'est accompagner les patients, leur expliquer leurs pathologies, les suivre… » 

Annick Bernhardt-Olivieri

Source : lequotidiendumedecin.fr