Le clavier a remplacé le stylo-plume dans les cabinets au cours de ces vingt dernières années. Près des trois quarts des médecins sont aujourd’hui informatisés. Fin 2010, seuls 50 % des cabinets médicaux étaient équipés (40 % chez les généralistes, 60 % chez les spécialistes). Mais, selon les données dévoilées l’an passé par la CNAM, au moins 70 % des omnipraticiens (généralistes + médecins à exercice particulier) sont désormais informatisés : ils remplissaient les critères de la Sécurité sociale « d’organisation de leur cabinet ». Toutefois, cette modernisation se révèle moins prononcée chez les spécialistes, qui ne réalisent ce volet « organisation » qu’à 55 % (1). Parallèlement, l’usage des logiciels d’aide à la prescription (LAP) a progressé de 64 % en 2012 à 72 % en 2013 (+ 8 points) pour les médecins généralistes remplissant les pré-requis du bloc « organisation ».
Une vision globale du patient
Autre indicateur, signe de la digitalisation croissante du patient : la « synthèse médicale» a progressé pour les médecins traitants (1). À fin 2013, ce sont près de 8 médecins sur 10 (78 %) qui la réalisaient, contre 71 % un an auparavant. Cette « synthèse », à partir du dossier médical informatisé, permet en effet au médecin traitant de disposer d’une vision globale de ses patients et de réévaluer sa prise en charge de façon complète. Elle contribue également à planifier la prise en charge en coordination avec les autres professionnels de santé impliqués dans le suivi du patient.
D’ailleurs, pour favoriser le suivi des patients âgés, le LEEM vient d’annoncer le lancement, mi-mai 2015, de mesures d’aide à la prescription, via des logiciels permettant d’identifier l’ensemble des médicaments prescrits, quelles que soient leurs sources, et de détecter les prescriptions inappropriées et les interactions médicamenteuses (2).
Toute cette digitalisation témoigne de l’appropriation par le médecin des logiciels dans sa pratique quotidienne, pour gérer ses données médicales individuelles de suivi et analyser globalement sa pratique sur l’ensemble de sa patientèle.
Généralisation de la télétransmission
L’information des praticiens va de pair avec un recours croissant à la télétransmission. Selon l’Assurance maladie, 84 % des praticiens de ville avaient facturé au moins une feuille de soins électronique en 2014 (contre 78 % en 2010) (3). Tous les praticiens télétransmettent davantage, qu’il s’agisse des généralistes (91 %), radiologues (87 %), rhumatologues (84 %)... Les gynécologues (74 %), psychiatres (71 %) et chirurgiens (63 %) sont les moins impliqués. Ainsi, selon la CNAM, le taux de feuilles « papier » réalisé par les généralistes a chuté, tombant de 22 % en 2010 à 13 % en 2014.
Les médecins mobinautes
La modernisation des médecins ne concerne pas seulement leurs postes informatiques fixes. Les trois quarts d’entre eux possèdent également un smartphone, selon le baromètre Cessim 2014, et plus de 9 sur 10 (94 %) l’utilisent à des fins professionnelle ou mixte, d’après le 2e baromètre Vidal-CNOM des « Usages numériques en santé » (mai 2013). Il s’agit aussi bien de généralistes que de spécialistes, libéraux ou salariés, hommes ou femmes, quel que soit leur âge (4).
Ces professionnels de santé sont également de plus en plus nombreux à s’équiper en tablettes (56 %) ou à annoncer l’intention d’en acheter. L’association Isidore (mars-avril 2014) indique que plus d’un professionnel de santé mobinaute sur deux s’est doté à la fois d’un smartphone et d’une tablette, un tiers uniquement d’un smartphone et 5,1 % d’une tablette (4).
Un tel niveau d’équipement facilite la prise de rendez-vous en ligne, soit sur le propre site Internet du médecin que les patients peuvent aller consulter pour y chercher de l’information, soit via une société spécialisée, à condition qu’un service de rappels SMS de la personne soit organisé pour l’informer de son RDV, selon le CNOM (5).
(1) Caisse nationale de l’assurance maladie. « La Rémunération sur objectifs de santé publique, deux ans après. Des progrès significatifs en faveur de la qualité et de la pertinence des soins ». 10 avril 2014.
(2) Dossier de presse à consulter sur le web : http://www.leem.org/medicaments-si-changeait-de-comportement-0
(3) Source : DCIR - France entière - RG hors SLM, Bilan actualisé à fin juin 2014 de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) de la CNAM.
(4) Livre blanc : De la e-santé à la santé connectée – 2015 du Conseil national de l’Ordre des médecins, Ordre national des médecins, Conseil national de l’Ordre.
À consulter sur le site : http://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/cn_pdf/janvi…
(5) Dossier 2 sur le site du Quotidien du Médecin, « Investir le web : pourquoi ? », à consulter en ligne http://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2015/03/16/invest…
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