Déposée le 28 avril, la proposition de loi (PPL) sur l'accès aux soins portée par le député Frédéric Valletoux (Horizons) irrite fortement le collectif « Médecins pour demain ». Née à l'automne dernier sur les réseaux sociaux, l'association qui revendique aujourd'hui 3 000 adhérents appelle les praticiens à fermer leur cabinet le 9 juin pour protester contre ce texte, quelques jours avant son passage à l'Assemblée nationale prévu le 12 juin. Elle pointe du doigt plusieurs mesures comme « l'adhésion obligatoire aux CPTS pour les médecins de toutes spécialités », « la participation obligatoire à la PDSA pour les médecins de toutes spécialités » ou encore « l'interdiction d'intérim aux jeunes médecins ».
« Avec ce texte, les médecins devront assumer une obligation de résultat de délivrer les soins à tout le monde, a déclaré au "Quotidien", la Dr Christelle Audigier, présidente de l'association. Or c'est la responsabilité de l'État qui leur est transférée sans aucun moyen pour qu'ils puissent faire ce travail-là ». « La coercition revient et à quoi ça sert de négocier avec la Cnam si on légifère de cette façon ? », poursuit la généraliste installée dans la métropole lyonnaise.
A noter cependant que le texte proposé par Frédéric Valletoux prévoit effectivement une intégration automatique des médecins libéraux dans la CPTS, sauf cependant « opposition de leur part formalisée ». De même, l'article de la PPL sur la permanence de soins porte uniquement sur les établissements de santé et non pas sur les libéraux.
L'association « Médecins pour demain » s'est fait connaître en amont des négociations conventionnelles. Après avoir lancé la revendication de la consultation de base à 50 euros (mot d'ordre repris par plusieurs syndicats représentatifs), elle avait aussi appelé les médecins à fermer leur cabinet le 1er décembre dernier, un mouvement plutôt suivi, puis à nouveau entre Noël, le jour de l'An. Mais cette fois avec peu de succès.
Outil de coercition
Ce nouveau mot d'ordre sera-t-il rejoint par les autres syndicats ? Contacté par le « Quotidien », le Dr Luc Duquesnel prend acte de cet appel à la grève et réunit son bureau ce mardi soir pour en débattre. « Avec ce texte, la CPTS devient un outil de coercition alors qu'elle avait plutôt une image positive aux mains des libéraux. C'est tout ce qu’il ne faut pas faire », déplore-t-il. Le généraliste mayennais craint aussi d'autres mesures « coercitives » qui pourraient arriver « après » avec une autre proposition de loi transpartisane, celle portée par la député socialiste de la Mayenne, Guillaume Garot.
Devant ce nouveau coup porté à l'indépendance et à l'attractivité de notre métier. Nous rappelons la nécessité absolue d'investir massivement dans la médecine de proximité au risque de faire tomber la derrière digue qui empêche l'hôpital de se noyer.
— Médecins Pour Demain (@MedPourDemain) May 8, 2023
A VOUS !
Tous les médecins… pic.twitter.com/4I7GA2O5xN
Ces derniers mois, les tensions entre les médecins libéraux et l'Etat se multiplient. Après l'échec des négociations conventionnelles et le règlement arbitral a minima, la PPL Valletoux traduit la volonté du gouvernement de fixer des « contreparties » aux médecins, au nom d’un meilleur accès aux soins.
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