À peine installée, la nouvelle Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) est déjà fragilisée : sa vice-présidente la Dr Caroline Rey-Salmon, visée par une plainte en justice pour agression sexuelle lors d’un examen gynécologique, se met en retrait total des travaux de l’instance, le temps de l’enquête, a annoncé la Ciivise dans un communiqué ce 7 février.
« La Ciivise doit impérativement demeurer un espace d’accueil privilégié et protégé pour la parole des personnes victimes : c’est la raison de sa création (…) et sa raison d’être depuis trois ans. Ce retrait est indispensable à la sérénité des travaux de la commission » et au maintien « de la confiance » des victimes, lit-on. Sébastien Boueilh, le président fraîchement nommé après le départ contesté du juge Édouard Durand, « réaffirme son soutien absolu à toutes les personnes qui ont été victimes d’inceste ou de violences sexuelles pendant leur enfance », est-il précisé.
Examen gynécologique dans le cadre d’une enquête judiciaire
Pédiatre et médecin légiste, Caroline Rey-Salmon est visée par une plainte pour « agression sexuelle par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction », selon la plainte consultée par l'AFP, confirmant des informations de Franceinfo et BFMTV.
Selon le récit de la femme de 25 ans à l'origine de la plainte, l'agression a eu lieu lors d'un examen gynécologique mené le 27 juin 2020 à l'Hôtel-Dieu à Paris dans le cadre d'une enquête judiciaire. La jeune femme avait porté plainte pour des faits de viols subis enfant entre 2004 et 2009.
« Elle m'a auscultée, elle m'a dit qu'il n'y avait absolument aucune trace et que je me trompais parce qu'une enfant victime de viol vaginal avait forcément l'hymen déchiré, ce qui n'était pas mon cas. Elle m'a dit qu'il avait dû se frotter, elle a posé ses doigts sur moi, a fait des mouvements de va-et-vient, m'a dit de fermer les yeux et d'imaginer que c'était le pénis de l'agresseur afin de me souvenir », explique la plaignante à l’AFP. Sollicitée par l'AFP, Caroline Rey-Salmon n'a pas donné suite.
Invité mardi soir dans l'émission « Quotidien » sur TMC, Sébastien Boueilh avait indiqué lui apporter son « soutien ». « Si la victime a porté plainte, tant mieux, je pense que Caroline le fera aussi et la justice tranchera », avait-il ajouté.
L'annonce de ce dépôt de plainte survient deux jours seulement après la reprise officielle des travaux de la Ciivise, dont le renouvellement de l'équipe dirigeante a fait polémique à l'automne. « Voir la nomination de Caroline Rey-Salmon » en tant que vice-présidente de la Ciivise, succédant à la responsable associative Nathalie Mathieu, « c'était trop pour moi » , déclare la jeune femme à l'origine de la plainte.
En décembre 2020, la Ciivise avait déjà connu un faux départ avec une présidence confiée à l'ex-garde des Sceaux Élisabeth Guigou. L'ancienne ministre socialiste avait in fine renoncé à sa mission, après avoir été citée parmi les proches du politologue Olivier Duhamel, accusé de viols incestueux par sa belle-fille Camille Kouchner.
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