Législatives 2024 : pour qui voteront les médecins ?

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Publié le 26/06/2024
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Coup de tonnerre le 9 juin. Au soir des élections européennes, Emmanuel Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale. Et de nouvelles élections législatives dans un délai inédit. Le 30 juin, les Français se rendront donc aux urnes pour le 1er tour de ce scrutin, après une campagne hors normes. Les médecins comptent-ils aller voter ? Vers quelles listes iront leur bulletin ? “Le Quotidien” a mené une grande enquête auprès de ses lecteurs.

Ce dimanche 30 juin, les Français sont appelés aux urnes pour élire leurs nouveaux députés. Alors que la dissolution rebat les cartes politiques, Le Quotidien a mené une grande enquête en ligne (du 17 au 20 juin) auprès des médecins lecteurs pour connaître leurs intentions de vote. Le panel de 1 951 praticiens ayant répondu à notre questionnaire prévoit de faire entendre sa voix pour le 1er tour de cette élection. Ils sont en effet 95 % à déclarer qu’ils iront voter et, parmi eux, moins de 2 % opteront pour un bulletin blanc. Notre enquête les a invités à partager leurs intentions de vote et n’est donc pas représentative de la part d’abstention. Rappelons qu’aux dernières législatives, en 2022, pour l’ensemble des Français, l’abstention était de plus de 53 %.

La majorité présidentielle en tête, mais…

Comme pour la population générale, les positions des médecins ont changé ces deux dernières années. Si elle devrait récolter la plus grande part des votes, avec près de 43 % des suffrages exprimés (en enlevant les 6 % de personnes encore indécises et les 1,5 % de votes blancs), la majorité présidentielle perd près de 9 points entre 2022 et 2024. Des voix qui ne se reportent pas vers la droite, à laquelle elle avait pioché des suffrages ces dernières années. Les Républicains (LR) perdent, eux, près de 6 points. Alors, à qui profitent ces changements ? Le Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front populaire (Nupes en 2022) marquent chacun une progression dans l’électorat médical. Ainsi, ils gagnent respectivement 9,5 et 7,3 points. Avec LR, ils se situent cette année dans un mouchoir de poche, autour de 16 %. On constate néanmoins une différence marquée avec l’ensemble des concitoyens. Publié le jour de clôture de notre enquête, le sondage sur les intentions de vote des Français Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio donne le Rassemblement national en tête (34 %), devant le Nouveau Front populaire (29 %) et la majorité présidentielle (22 %), et loin devant Les Républicains/Divers droite (6 %).

Une différence se retrouve également dans les votes entre les généralistes (41,8 % des répondants) et les médecins des autres spécialités. Chez ces derniers, la majorité présidentielle frôle les 50 % pour le premier tour, tandis qu’elle se situe juste en dessous des 37 % chez les omnipraticiens. Le Rassemblement national divise également la profession, avec plus de 20 % des intentions de vote des généralistes, contre 13,5 % pour les autres spécialistes.

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Les programmes santé dans la balance

Certains éléments influencent-ils le vote des médecins ? Ce ne sera pas à chercher du côté des élections européennes. Les résultats du début du mois n’entrent pas en ligne de compte pour près de 59 % des praticiens qui prévoient d’aller glisser un bulletin dans l’urne le 30 juin. Les programmes santé des candidats (lire page 12) seront, eux, scrutés par une majorité. Près de 25 % y attachent une grande importance, près de 44 % les prennent un peu en compte et seuls 31,4 % n’en tiendront pas compte. Il y a deux ans, ce n’était un élément déterminant que pour 13 % tandis que seuls 26 % déclaraient ne pas en tenir compte pour leurs choix électoraux (élections présidentielle et législatives), selon un sondage réalisé en mars 2022 auprès de 537 médecins représentatifs pour Le Quotidien. Les praticiens attachaient une plus grande importance à la politique de santé des années précédentes (48 % beaucoup, 38 % un peu et 14 % de non).

Pour ce nouveau scrutin, dans le cadre de cette campagne hors normes, que retiendront ceux qui ont vu se succéder pas moins de sept ministres depuis le premier mandat d’Emmanuel Macron ? Difficile de se faire une idée quand on regarde les trajectoires électorales des anciens locataires de Ségur. Toujours en poste, Catherine Vautrin, qui fut députée LR entre 2002 et 2004 puis entre 2007 et 2017, ne s’est pas lancée dans la campagne cette fois-ci, tandis que son ministre délégué Frédéric Valletoux brigue un nouveau mandat sous l’étiquette Horizons en Seine-et-Marne. Leur prédécesseur Aurélien Rousseau a, lui, rallié le Nouveau Front populaire pour se porter candidat dans les Yvelines. Celle qui fut ministre déléguée entre 2022 et fin 2023, puis par intérim quelques semaines, Agnès Firmin Le Bodo (Horizons), est candidate à sa réélection en Seine-Maritime. Ministre quelques semaines, Brigitte Bourguignon (Renaissance) s’est lancée dans la course dans le Pas-de-Calais, dans la circonscription qu’elle avait perdue face au RN en 2022. Enfin, ministre entre 2020 et 2022, Olivier Véran (Renaissance) est, quant à lui, candidat sortant dans l’Isère. Jamais élus, Agnès Buzyn et François Braun ne se sont, eux, pas lancés dans la course.

Les programmes santé donnent-ils des clés pour affiner son choix (lire page 12) ? Entre la poursuite de la politique menée notamment sur les délégations de tâches et le projet de loi sur la fin de vie, et de nouvelles propositions, comme une mutuelle publique à un euro par jour, la majorité présidentielle reste sur sa ligne. De son côté, le Nouveau Front populaire mise sur « une conférence de sauvetage de l’hôpital public » et la régulation à l’installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux. Pour le Rassemblement national, la priorité semble être l’exonération d’impôt sur le revenu pour les médecins en cumul emploi-retraite. Il faut se pencher sur ses positions depuis 2022 pour en savoir plus sur les grandes orientations. Quant aux Républicains, les positions qu’ils ont adoptées ces derniers mois, comme les propositions portées par Yannick Neuder sur les étudiants, pourront éclairer les électeurs. Il faudra attendre encore quelques jours pour connaître les résultats des urnes…

Enquête réalisée en ligne auprès des médecins lecteurs du Quotidien du Médecin, sollicités par e-mailing du 17 au 20 juin. 1 951 personnes ont répondu au questionnaire, 66,8 % étaient des hommes et 41,8 % des généralistes. Parmi les 58,2 % de médecins d’autres spécialités, sont représentés (par ordre d’importance) les psychiatres, les gynécologues, les anesthésistes, les pédiatres, les dermatologues… Tous les départements étaient représentés.


Source : Le Quotidien du Médecin