SI L’ON s’en réfère à deux études présentées au congrès annuel de l’ERS (European Respiratory Society), à Amsterdam, un raccourci saisissant (et forcément faux) pourrait être fait : pour se prémunir de l’asthme quand on a un tour de taille trop élevé, mieux vaut boire un peu d’alcool tout au long de la semaine. Cet aphorisme mêle les conclusions d’un travail norvégien qui montre un surrisque d’asthme chez les porteurs d’une obésité centrale et d’une étude danoise qui constate une moindre incidence de l’affection chez ceux qui consomment de 1 à 6 doses d’alcool de façon hebdomadaire.
La première étude résulte du suivi de 23 245 sujets indemnes d’asthme et âgés de 19 à 55 ans à l’enrôlement. Ils ont été observés pendant onze ans dans le cadre de la Nord-Trondelag Health Study. Pendant toutes ces années, l’équipe de Ben Brompton a mesuré régulièrement leur IMC, leur périmètre abdominal dans le but de déterminer leurs niveaux d’obésité globale et centrale. Les participants devaient en outre rapporter l’apparition d’asthme.
Au total, la seule obésité centrale multiplie par 1,44 le risque de survenue de la maladie. L’association des deux manifestations de surpoids le fait passer à 1,81.
Quant à la seconde étude, elle s’est intéressée à la consommation d’alcool de 19 349 paires de jumeaux enrôlées entre 12 et 41 ans. Tous ont répondu à un questionnaire au début et à la fin des huit années de suivi. La plus faible incidence d’asthme, 4 %, a été relevée dans le groupe de ceux qui absorbaient d’une à six unités d’alcool par semaine. Chez ceux qui ne buvaient pas ou rarement, le risque était multiplié par 1,4 et chez les gros buveurs (plus de 6 unités par semaine) il était 1,2 fois plus élevé.
L’équipe de Sofie Lieberoth constate que la bière fait cavalier seul puisque sa consommation préférentielle majore le risque de survenue. Les chercheurs concluent que si le lien entre excès d’alcool et asthme était connu, leur travail est le premier à montrer la place des boissons alcoolisées dans la survenue de l’affection.
Les poumons des cyclistes londoniens.
Présentée également au congrès, une étude s’est inquiétée de l’état bronchoalvéolaire des travailleurs qui se rendent quotidiennement au travail à vélo. Emmagasinent-ils plus de particules de suie que les piétons ? Jonathan Grigg et son équipe répondent par l’affirmative. Pour mener leur enquête ils ont enrôlé cinq individus adeptes du vélo pour se rendre au travail et autant de piétons, tous âgés de 18 à 40 ans. Une étude a été menée sur leurs expectorations. L’analyse portait sur la quantité de microparticules contenues dans les macrophages des voies aériennes, puisqu’ils phagocytent les substances étrangères. Même si l’échantillon de population est faible, l’équipe britannique considère son résultat comme significatif. Les cyclistes ont 2,3 fois plus de particules carbonées dans les voies aériennes que les piétons.
L’explication reposerait sur une respiration plus ample et plus rapide à vélo, le tout dans un contexte de grande proximité des échappements de voitures.
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