Alors qu'une augmentation des événements cardiovasculaires, notamment chez les moins de 65 ans (+ 25 % d'infarctus du myocarde chez les femmes jeunes et + 15 % d'accidents vasculaires cérébraux), comment ont évolué les facteurs de risque cardiovasculaire au cours de la dernière décennie ?
Des femmes plus corpulentes
Les données colligées en 2015 dans l'étude ESTEBAN, petite sœur de l'étude nationale nutrition santé, portent sur 2 169 adultes âgés de 18 à 74 ans, dont 55 % de femmes. Elles donnent une estimation assez fiable de la prévalence des facteurs de risque en 2015, ainsi que de leur évolution depuis 2006.
En 2015, le surpoids et l'obésité, définis par un indice de masse corporelle > 25 kg/m2, concernaient 35 % des hommes de 18 à 39 ans, 57 % des 40-54 ans et 68 % de ceux âgés de 55 à 74 ans. Des chiffres en diminution depuis 2006, où ils étaient respectivement de 40 %, 65 % et 73 %. Au contraire, cette tendance n'a pas été retrouvée chez les femmes, qui tendaient à être plus corpulentes que dix ans auparavant : 32 % vs 27 % pour les plus jeunes, 50 % vs 41 % pour les 40-54 ans. Seule note positive : chez celles âgées de 55 à 74 ans, la prévalence du surpoids et de l'obésité a été réduite, passant de 58 à 50 %.
En 2015, 31,9 % de la population déclarait fumer, 26,9 % quotidiennement (29,8 % chez les hommes, 24,2 % chez les femmes). Une prévalence stable ou en légère diminution chez les hommes, mais en forte augmentation chez les femmes de plus de 45 ans.
Moins de patientes hypertendues traitées
La pression artérielle systolique moyenne a augmenté chez les femmes, mais la prévalence de l'hypertension artérielle est restée relativement stable, globalement de 30,6 % en 2015, plus fréquente chez les hommes (36,5 %) que chez les femmes (25,1 %). De façon plus inquiétante, la proportion de femmes hypertendues traitées a nettement baissé, passant de 61,7 % à 49,1 %. Une évolution qui ne concerne pas les hommes, qui sont 46 % à recevoir un traitement contre 45,4 % en 2006.
Une élévation du LDL-cholestérol au-dessus de 1,6 g/L a été rapportée chez 20,1 % des hommes et 18,5 % des femmes en 2015, chiffres qui ont peu évolué depuis 2006. Au contraire, la proportion de patients traités par hypolipémiants a été fortement réduite, de 24 % chez les hommes et de 38 % chez les femmes.
Pour l'activité physique (au moins 30 minutes/jour, 5 jours par semaine), l'évolution a été plutôt favorable chez les hommes, en particulier chez ceux âgés de 40 à 54 ans, avec 29 % de pratiquants supplémentaires en 10 ans. Par contre, une dégradation a été observée chez les femmes quelle que soit la tranche d'âge.
Si l'évolution des facteurs de risque va globalement dans le bon sens chez les hommes, qui fument moins et font plus d'activité physique, la tendance est vraiment défavorable chez les femmes, chez lesquelles le surpoids, l'obésité et le tabagisme sont en hausse alors que l'activité physique décroît.
D'après la communication de Valérie Olié, Santé publique France, St-Maurice.
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