LES DONNÉES des enquêtes nationales (Escapad) et internationales (HBSC, Espad) reflètent l’ampleur du phénomène : à 17 ans, 68,4 % des jeunes ont déjà fumé (25,4 % à 13 ans) et 47 % d’entre eux sont des fumeurs réguliers (15 % à 13 ans, 34 % à 15 ans). Le niveau social n’influe pas sur la consommation de tabac et, contrairement à certaines idées reçues, les adolescents vivant en ZEP sont deux fois moins souvent fumeurs que ceux vivant hors ZEP. En revanche, il existe un lien avec la scolarité, avec un taux de fumeurs (et de consommateurs de cannabis) plus important chez les adolescents qui ont redoublé une classe, un lien également avec la structure familiale : le risque de tabagisme régulier est majoré chez les adolescents de familles monoparentales. Les adolescents auxquels les parents accordent beaucoup de liberté (appréciée à partir de la question : « Vos parents savent-ils où vous êtes le samedi soir ? ») ont une consommation de tabac (et de cannabis) cinq fois plus élevée que ceux qui sont plus étroitement surveillés. Enfin, toutes les études rendent compte du lien existant entre le tabagisme régulier et les conduites de violence, les fugues et les tentatives de suicide.
Le tabagisme parental a également une influence sur celui des enfants : une enquête menée sur 12 mois auprès de 1 121 jeunes de 12 à 16 ans participant à une cohorte française (les enfants de Gazel) montre que le tabagisme régulier (au moins une cigarette par jour), qui concerne 27 % des adolescents de cette cohorte, est deux fois plus fréquent chez les enfants de parents fumeurs et est plus fortement associé au tabagisme maternel qu’au tabagisme paternel.
Jamais la première cigarette.
D’après une enquête par auto-questionnaire réalisée par la Fédération française de cardiologie (FFC), la première cigarette est fumée à un âge moyen, stable dans le temps, de 11,8 ans. Dans plus de la moitié des cas, cette première cigarette est proposée par un tiers, un copain le plus souvent. Sinon, c’est le « paquet qui traîne » qui incite à cette première expérience (seuls 6 % des adolescents ont acheté leur première cigarette)
Cette enquête reflète par ailleurs l’évolution de l’image du fumeur, devenue plutôt négative chez les jeunes, l’impact du prix (88 % des jeunes estiment que le tabac est cher) et la nécessité d’une plus forte implication des parents (44 % des jeunes interrogés disent n’en avoir jamais parlé avec leurs parents, 10 % pensent qu’ils s’en fichent). Ce sont là autant de pistes pour optimiser la prévention.
Pour lutter contre la première cigarette, la FFC mène une action spécifique auprès des 10-15 ans et depuis 5 ans auprès des 9-11 ans et fait appel aux adolescents eux-mêmes pour concevoir les messages de prévention en leur proposant de participer à des concours d’affiches et de story board sur le thème « jamais la première cigarette. »
Entretien avec le Dr Anne-Laurence Le Faou (hôpital européen Georges Pompidou, Paris)
Communications de Marie Choquet (Inserm U 669, Paris), Maria Melchior (Inserm U1018, Villejuif), et du Pr Daniel Thomas (institut de cardiologie, La pitié Salpêtrière)
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