ENVIRON 14 %* des adultes de 18 à 75 ans déclarent consommer de l’alcool tous les jours. En 2009, 12 %** des jeunes de 17 ans en consommaient régulièrement en France. L’alcool engendre des drames : il est à 10 % un risque d’accident mortel chez les jeunes de 0 à 17 ans, à 22 % chez les 18/24 ans**. Chaque année, 10 000 personnes décèdent d’un cancer lié à l’alcoolisme***.
Face à ce constat et devant l’urgence de la situation, le gouvernement – via la Sécurité routière – a réalisé « Insoutenable », un film « choc » de cinq minutes, qui rend compte des dangers de la consommation d’alcool (« le Quotidien » du 10 juin). « L’an passé, ce même gouvernement a autorisé la publicité pour l’alcool sur Internet (loi HPST du 21 juillet 2009) alors même que 8 Français sur 10 étaient opposés à cette mesure. Il est, désormais, possible pour les alcooliers de promouvoir leurs produits sur Internet, le média préféré des jeunes », regrette Gérard Dubois, professeur de santé publique et président de l’Alliance prévention alcool, un collectif national (devenu une association officielle depuis 2010) dédié à la prévention des risques liés à l’alcool. Et qui comprend, en son sein une dizaine de membres : associations, fédérations, mutuelles et personnalités engagées dans la lutte contre les dangers de l’alcool.
La création de cette association intervient après une succession de « mauvaises nouvelles » relatives à la consommation d’alcool en France : organisation d’apéros géants qui attirent de nombreux jeunes de 15 à 30 ans, autorisation potentielle d’une télévision sur le vin, multiplication de publicités sur l’alcool sur les sites Internet... « Par ailleurs, l’année dernière, pour la première fois en France depuis la deuxième guerre mondiale, la consommation d’alcool n’a pas baissé. Cette nouvelle tendance est préoccupante », souligne le Pr Dubois.
Pour lutter contre les dangers de l’alcool, Alliance prévention alcool s’est fixé cinq grands objectifs : engager une politique de santé publique en prise avec la réalité ; promouvoir et prévenir des actions de prévention auprès des populations les plus concernées ; informer le public des stratégies incitatives des distributeurs, annonceurs et producteurs d’alcool ; développer une politique de contrôle et de limitation de l’accessibilité et de l’offre des boissons alcooliques. Et enfin, favoriser une prise de conscience autour des risques sociaux liés à l’alcool.
Données indépendantes.
L’indépendance et la transparence auxquelles chaque membre de l’association s’engage est une condition impérative pour appartenir à l’Alliance prévention alcool. C’est dans cet esprit que l’association Avenir Santé réalise, depuis 2008, un travail d’observation des stratégies marketing des alcooliers en direction des jeunes, via l’analyse des produits, des prix, des lieux de distribution, ou encore des promotions liées aux produits alcoolisés. Ce travail – réalisé en partenariat avec la Ligue contre le cancer – sera publié en septembre prochain, dans l’ouvrage « Alcoolàtor... et à travers ? ».
« Première cause de mortalité chez les 15-29 ans, l’alcool prend la place du tabac chez les jeunes dans la représentation de la "cool attitude". » Les données que nous avons collectées permettront aux experts d’entamer des actions en justice, notamment lorsque la législation relative à la promotion de l’alcool envers les jeunes a été bafouée », indique Renaud Bouthier, directeur de l’association Avenir Santé France, membre de l’Alliance. Un travail dont les résultats vont dans le même sens que l’étude « L’alcool à travers les âges » (réseau RCS), qui analyse les stratégies d’incitation des alcooliers à la consommation d’alcool.
Pour mener à bien leurs actions, les organismes et personnalités fondateurs de l’Alliance prévention alcool, souhaitent également s’appuyer sur des données scientifiques validées. Un groupe de travail – composé du Pr Dubois, de Catherine Hill (épidémiologiste à l’Institut Gustave Roussy) et de Serge Karsenty, sociologue à la faculté de droit de Nantes – est chargé de révéler des données transparentes sur la consommation d’alcool et ses conséquences épidémiologiques et sociales.
Enfin, l’Alliance prévention alcool compte bien engager des actions en justice et se donne la possibilité de se constituer partie civile afin que l’offre et l’accès aux boissons alcooliques soient correctement contrôlés en France. En 2009, le collectif s’était, d’ailleurs, déjà constitué pour s’opposer à l’autorisation de la publicité pour l’alcool sur Internet. Et compte se battre, cette fois, pour interdire la création potentielle d’une télévision sur le vin. « Si un texte autorise les publicités d’alcool sur les chaînes dédiées à la viticulture, les alcooliers vont espérer que ces publicités soient, ensuite, autorisées sur toutes les chaînes généralistes. Ce serait la fin de la Loi Évin », prévient le Pr Dubois.
Contact : Pr Gérard Dubois, Alliance prévention alcool, 14 rue Corvisart, 75013 Paris.
*Source : Drogues & dépendance.
** Source : Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (InPES).
***Source : préface de l’ouvrage « Alcoolàtor... et à travers ? », réalisé par l’association Avenir Santé France.
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