L’hypnose est une technique ancienne, utilisée pour le soin dans les sociétés occidentales depuis plus de deux siècles. Par la parole, le praticien en hypnose induit un état de conscience particulier chez le patient. Celui-ci est caractérisé par une indifférence à l’extérieur et une hypersuggestibilité. Cet état de conscience hypnotique peut amplifier les ressources internes du patient afin de lutter contre l’anxiété de la douleur et faire disparaître des symptômes.
Selon la définition de l’American Psychological Association, l’hypnose est une procédure « durant laquelle un professionnel suggère à un patient des changements de sensations, de perceptions, de pensées ou de comportements ». Le processus hypnotique est caractérisé par trois composantes : l’absorption, c’est-à-dire la capacité à s’impliquer dans une « expérience imaginative », la dissociation ou séparation mentale des comportements, et la suggestibilité, c’est-à-dire la capacité d’accepter et de suivre les suggestions du professionnel de santé (1).
Un état de conscience modifié
Depuis les années 1990, les techniques d’imagerie cérébrale fonctionnelle ont permis de mieux comprendre le fonctionnement de l’hypnose. En effet, cet état de conscience modifié est caractérisé par une activité cérébrale spécifique, différente de l’état de conscience normale. Il a ainsi été possible d’améliorer la compréhension des différents états de conscience altérée ou modifiée.
La conscience est formée de deux composantes, la conscience de soi, ou interne, et la conscience de l’environnement, ou externe. Ces deux composantes correspondent à deux réseaux cérébraux distincts, le précunéus et les régions mésiofrontales pour la conscience de soi, les aires frontopariétales latérales pour la conscience de l’environnement (2).
Un blocage des systèmes sensoriels
En état d’éveil, la conscience interne est augmentée et celle de l’environnement diminuée (3). En cas d’hypnose, une diminution de la connectivité au sein du réseau de la conscience externe est observée, alors que la connectivité entre les diverses régions impliquées dans la conscience interne est modifiée (4). Ces modifications sont considérées comme le reflet d’un blocage des systèmes sensoriels permettant de recevoir les stimuli environnementaux, et comme une augmentation des pensées spontanées. Ces variations induites par l’hypnose peuvent traduire une modification des processus associatifs du jugement, de l’attention ou de la mémoire des stimuli nociceptifs perçus.
L’hypnose modifie ainsi le fonctionnement des réseaux cérébraux liés à la conscience interne et externe. La perception de stimuli extérieurs comme la douleur peut alors être modulée, l’hypnose se traduisant par une modification de l’activité cérébrale engagée dans ces processus.
(1) Spiegel D. Neurophysiological correlates of hypnosis and dissociation. J Neuropsychiatry Clin Neurosci 1991;3:440-5.
(2) Fox MD et al. The human brain is intrinsically organized into dynamic, anticorrelated functional networks. Proc Natl Acad Sci USA 2005;102:9673-8.
(3) Vanhaudenhuyse A et al. Two distinct neuronal networks mediate the awareness of environment and of self. J Cogn Neurosci 2011;23:570-8.
(4) Vanhaudenhuyse A et al. Neurophysiology of hypnosis. Neurophysiol Clin 2014;44:343-53.
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