L’ABONDANCE de la littérature scientifique ayant trait à l’allergie alimentaire est telle qu’un millier de publications sont dénombrées uniquement pour l’année 2011. Les preuves de la prévalence croissante de cette allergie, qui touche principalement les jeunes enfants, s’accumulent. Globalement elle est estimée de 1 à 2 %, avec des chiffres variés selon les populations étudiées.
Actuellement, il n’existe pas de traitement de désensibilisation de l’allergie alimentaire. Selon les indications, les traitements sont souvent l’éviction de l’allergène pour éviter les accidents, ou la mise en place de protocoles de tolérance. L’omalizumab pourrait être à envisager pour une désensibilisation orale dans des cas sévères d’allergie au lait de vache (1, 2) d’après des résultats de phase I et II récents obtenus par une équipe américaine. D’autre part, une première étude déjà conduite sur l’arachide avec l’omalizumab donne des résultats intéressants en dépit de cas d’anaphylaxie qui ont conduit à son arrêt prématuré. La dose réactogène est ainsi multipliée par 4 dans le groupe placebo mais par 80 dans le groupe omalizumab. L’augmentation de la tolérance à l’arachide dans un groupe de sujets mérite des investigations ultérieures, concluent les auteurs.
Un groupe d’allergènes majeurs est tenu pour responsable de 80 % des allergies alimentaires de l’enfant : le lait de vache, l’œuf de poule, le blé et le soja, l’arachide, les oléagineux ainsi que le poisson. On démontrait déjà 170 aliments responsables d’une réaction allergique IgE-dépendante dans les publications scientifiques. La liste des allergènes alimentaires s’allonge encore en 2011 : le pois blond (4), légumineuse utilisée sous forme de farine dans des préparations industrielles (charcuteries, nuggets, certains biscuits en particulier sans gluten) ou de liant (glaces), dont l’étiquetage n’est pas obligatoire ; la luzerne germée, une des graines très en vogue dans les magasins bio. Un cas d’allergie a été observé par un réseau d’allergovigilance belge ; la roquette ; l’algue brune, que l’on trouve de plus en plus en alimentation humaine. Soyons vigilants aussi du côté des nouveaux fruits introduits en occident comme la baie de Goji, à laquelle on accorde en Asie de vertus médicinales, mais connue en Europe pour quelques cas d’allergie (5), sans oublier les masques capillaires naturels (6).
D’après la communication du Dr van der Brempt, allergologue, Waha (Belgique)
(1) Nadeau KC et coll. J Allergy Clin Immunol. 2011; 127(2), Supplement, AB2.
(2) Nadeau KC et coll. J Allergy Clin Immunol. 2011;127(6):1622-4.
(3) Sampson HA et coll. J Allergy Clin Immunol. 2011;127(5):1309-10.e1. Epub 2011 Mar 11.
(4) Sergeant P. VIe symposium CICBAA à Toulouse, octobre 2011.
(5) Monzón Ballarín S et coll. J Investig Allergol Clin Immunol. 2011;21(7):567-70.
(6) Antonicelli L et coll. Eur Ann Allergy Clin Immunol. 2011 Aug;43(4):127-8.
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