Diminuer la mortalité par cancer du col de l’utérus de 30 % à dix ans et faire reculer les inégalités sociales en termes d’accès aux soins étaient deux des objectifs du troisième plan Cancer (2014-2019). Ils se poursuivront dans le cadre de la stratégie décennale de lutte contre les cancers (2021-2030), car les campagnes de dépistage n’ont débuté qu’en 2018. Les mesures de facilitation d’accès ont été renforcées avec l’envoi d’auto-prélèvement vaginal à domicile, ce qui permettra de toucher les femmes ne participant pas régulièrement au dépistage, notamment les plus vulnérables.
« Chaque année 3 000 nouveaux cas de cancers du col de l’utérus, tous HPV associés, et 1 100 décès sont enregistrés en France, précise Stéphanie Barré, coordinatrice à l’Institut national du cancer (INCa). Et cela, avec des variations territoriales importantes ». À ce bilan s’ajoutent 35 000 lésions précancéreuses HPV induites. Un cancer qui frappe la femme jeune (âge moyen de 53 ans) et dont le taux de survie à cinq ans se dégrade (63 % pour la période 2010-2015 ; 68 % sur la période 1989-1993). Les décès surviennent en moyenne vers 64 ans. « C’est l’un des rares cancers pour lequel le pronostic se dégrade rapidement, car diagnostiqué souvent à un stade avancé chez des femmes ayant échappé au dépistage, insiste Stéphanie Barré. Or, nous disposons de deux méthodes simples pour éradiquer cette maladie ». La vaccination contre les HPV dont l’efficacité n’est plus à démontrer (elle prévient jusqu’à 90 % des infections à l’origine des cancers) et le dépistage du cancer du col de l’utérus.
Test HPV remboursé depuis avril 2020
C’est en juillet 2019 que la Haute Autorité de santé (HAS) a actualisé les recommandations sur le dépistage des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus avec le test HPV en remplacement de l’examen cytologique en première intention chez les femmes de plus de 30 ans. Un test HPV qui doit être réalisé trois ans après le dernier examen cytologique au résultat normal ou cinq ans après un précédent test HPV négatif. La cytologie reste la règle, tous les trois ans, avant 30 ans. Autre recommandation clé face à ce cancer marqué par les inégalités sociales et touchant prioritairement les catégories socio-professionnelles défavorisées, l’auto-prélèvement vaginal à domicile pour les femmes éloignées du système de santé. Dernière avancée capitale : le remboursement à 100 % du test HPV depuis avril 2020.
Le dépistage du cancer du col de l’utérus fait l’objet d’un dépistage organisé par l’INCa depuis 2018. À l’image du dépistage du cancer du sein ou du cancer colorectal, tout le territoire est concerné. La campagne est fondée sur un système d’invitations/relances des femmes n’ayant pas participé spontanément au dépistage dans les intervalles recommandés. En 2018, la cytologie est alors le test préconisé. Ce programme s’appuie sur les 17 centres régionaux de coordination du dépistage des cancers (CRCDC). Leurs missions : inviter les populations concernées, assurer le suivi de tous les dépistages positifs/anormaux et participer à la sensibilisation et l’information des groupes cibles. Financées par l’Agence régionale de santé (ARS) et l’Assurance-maladie, ces structures sont coordonnées par l’INCa.
Des invitations par courrier depuis 2020
Depuis 2020, les invitations, qui incluent le test HPV en dépistage primaire chez les plus de 30 ans, encouragent les femmes à consulter leur référent santé habituel (médecin généraliste, gynécologue, sage-femme ou professionnel qui exerce en maison de santé). Un dépliant présentant la pathologie, le dépistage et les modalités de prise en charge accompagne ce courrier. La première période de confinement a conduit à une suspension temporaire de l’envoi de ces invitations. En revanche, le suivi de la prise en charge des femmes « positives » a toujours été assuré. Un plan de reprise a été élaboré dès la mi-juin. Le système de relance en cas de non-réponse dans les six mois a été mis en place. « Un référentiel destiné aux CRCDC est en cours d’élaboration à l’INCa pour faciliter le déploiement du kit d’auto-prélèvement vaginal à domicile », précise Stéphanie Barré.
Il n’existe pas encore de résultats sur la campagne de dépistage par test HPV. Les données issues du PMSI en octobre 2020 montrent une baisse du nombre de dépistages en 2020 (266 000 tests) par rapport à 2019 (540 000). Toutefois, ces données doivent être interprétées avec précaution puisqu’elles concernent uniquement les prélèvements cytologiques et ne prennent pas en compte l’éventuel basculement vers un test HPV depuis avril 2020 et l’effet confinement. Des résultats consolidés devraient être disponibles prochainement.
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