Trois familles de victimes de la toxicité du produit de chimiothérapie 5-fluorouracile (5-FU) ont déposé plainte ce lundi contre X pour « homicide involontaire, blessures involontaires pour mise en danger de la vie d'autrui », rejointes dans leur démarche par un homme qui a directement souffert gravement de cette toxicité. Les plaignants reprochent aux autorités sanitaires de ne pas avoir recommandé plus tôt un test qui aurait permis de déceler leur sensibilité à ce traitement, selon leur avocat, maître Vincent Julé-Parade, qui a saisi le pôle santé du tribunal de grande instance (TGI) de Paris.
En février dernier, le groupe de pharmacologie clinique oncologique (GPCO) d'UNICANCER a émis de nouvelles recommandations en faveur d'un dépistage systématiquement du déficit en dihydropyrimidine-déhydrogénase (DPD), identifié depuis près de 30 ans pour être responsable de toxicités sévères, voire létales, lors d'une chimiothérapie à base de fluoropyrimidines, 5-FU (fluorouracile) ou capécitabine (Xeloda). Chez certains patients, qui présentent un déficit total ou partiel d'une enzyme particulière, les effets toxiques du 5-FU sont majorés. Il faut alors adapter la dose ou utiliser d'autres molécules.
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a emboîté le pas le 28 février 2018, en recommandant le dépistage. Le 18 décembre, ce sont l'INCa et la Haute Autorité de santé (HAS) qui recommandent à leur tour la réalisation systématique d'un dépistage. Les tests de dépistage n'étaient pas proposés dans de nombreux centres de cancérologie selon Me Vincent Julé-Parade qui dénonce une « inégalité territoriale ».
Réponse du procureur dans 3 mois
Selon Me Vincent Julé-Parade, la plainte est dirigée contre X, et non contre un organisme particulier, « afin d'élargir le champ des possibles, comme il l'explique au « Quotidien ». C'est une affaire assez complexe dans laquelle chaque organisme et chaque autorité de santé ont des compétences et des responsabilités propres ». Le procureur de la République dispose désormais de trois mois pour décider l'ouverture d'une procédure judiciaire, l'ouverture d'une enquête préliminaire ou un classement sans suite. Dans les deux premiers cas de figure, « c'est à ce moment-là qu'il faudra déterminer jusqu'à quel niveau le problème était connu, sans qu'aucune décision ne soit prise », explique Me Vincent Julé-Parade.
« C'est une affaire de santé publique, une affaire de masse, dit Vincent Julé-Parade qui prédit des dizaines, voire des centaines de cas » d'accidents toxiques. Questionné par « le Quotidien » sur la possibilité d'ouvrir une action de groupe, à l'image de ce qui a été fait dans le cadre de l'affaire de la Dépakine ou du Lévothyrox, Vincent Julé-Parade rappelle qu'une action groupe est une procédure civile « visant à obtenir une indemnisation », alors que la plainte de ses clients « vise à obtenir une sanction ».
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