Les polémiques actuelles sur la sécurité du vaccin représentent le frein majeur à la vaccination.
« Le HCSP a fait un point très sérieux sur les études relatives à la sécurité du vaccin : dans tous les pays qui ont mis en place un système de pharmacovigilance, le vaccin est bien toléré. Quant à son efficacité, il est encore trop tôt pour vérifier s’il protège du cancer du col de l’utérus : 15 à 20 ans s’écoulent entre l’infection et le cancer or la vaccination a commencé il y a 6 à 7 ans selon les pays. Nous devons donc encore attendre au moins une dizaine d’années pour démontrer la prévention du cancer. Cependant, plusieurs études dans la vraie vie, notamment au Danemark montrent qu’une couverture vaccinale élevée s’accompagne d’une forte réduction d’incidence des lésions précancéreuses ce qui conforte l’efficacité vaccinale. Le vaccin réduit la circulation des HPV qu’il contient notamment ceux qui sont oncogènes », note le Pr Daniel Floret.
Quant à l’émergence de cancers ORL liés à HPV, le mécanisme d’oncogenèse semble différent (absence de lésions précancéreuses identiques à celles observées au niveau génital ou anal) de sorte qu’il est difficile d’apprécier à ce jour un potentiel impact de la vaccination sur ces cancers ORL.
Une couverture vaccinale insuffisante en France
Le HCSP préconise d’élargir l’offre vaccinale en donnant aux filles la possibilité d’être vaccinées gratuitement en milieu scolaire. « Les pays où l’on vaccine dans les écoles ont une bonne couverture vaccinale. Le HCSP recommande de proposer la vaccination dans les écoles de façon à pouvoir atteindre des filles qui n’y ont pas accès et d’améliorer ainsi la couverture vaccinale tout en réduisant les inégalités d’accès aux soins », explique le Pr Floret. Quant à l’âge de la vaccination, « nous avons dit que si sur un plan logistique il apparaissait plus simple de vacciner à l’école primaire plutôt qu’au collège, l’âge de la vaccination pourrait être abaissé. L’idée est que les parents qui souhaitent faire vacciner leur fille par leur médecin traitant puissent continuer à le faire et qu’il y ait parallèlement une offre de vaccination gratuite à l’école ou au collège pour lever les freins à la vaccination que sont le coût du vaccin en absence de mutuelle ou de tiers payant et l’absence de suivi en ville de certaines adolescentes », poursuit-il. Avant d’ajouter : « Gardons-nous de raccourcis abusifs : le HCSP ne recommande pas d’imposer la vaccination dans les écoles à l’âge de 9 ans... », tient à préciser le Pr Daniel Floret.
Un avis sur la vaccination chez les garçons
Le HCSP s’en remet à la décision des autorités de santé et de l’Éducation nationale. Qui pourrait vacciner à l’école ? La médecine scolaire ? « Ce n’est pas réaliste. Une prise en charge par les ARS me semblerait une bonne solution, mais cela ne dépend pas de nous », note le Pr Floret.
Et les garçons ? Les données scientifiques récentes montrent que lorsque la couverture vaccinale des filles est excellente, elle entraîne une immunité de groupe c’est-à-dire qu’elle protège non seulement les filles mais aussi les garçons. Ceux-ci présentent des condylomes - mais aussi des cancers du canal anal, pathologie rare, sauf chez les homosexuels. Le Pr Daniel Floret indique que : « Le HCSP devrait donner un avis sur cette question de la vaccination des garçons avant la fin de l’année ».
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