Le virus HPV peut donner des lésions ailleurs qu'au niveau du col de l'utérus. Certaines sont le plus souvent bénignes, comme les condylomes acuminés (anus, vulve) ou la papillomatose laryngée, associées aux types 6 et 11. D'autres peuvent, comme au niveau du col de l'utérus, entraîner un cancer : vagin, vulve, anus, oropharynx, pénis.
Entre 75 et 90% des cancers de l'anus sont liés à une infection HPV, suivis de près de 50% des cancers du pénis, de 70% des cancers du vagin, de 40% des cancers de la vulve, de 40% des cancers oro-pharyngés.
Les femmes ayant une lésion à haut grade du col de l'utérus sont-elles à plus haut risque d'une autre localisation de cancer ? « C'est une question fréquente et légitime, explique le Dr Xavier Carcopino, gynécologue obstétricien à Marseille (AP-HM) et secrétaire général de la Société française de colposcopie (SFCPCV). Le risque d'autre cancer après conisation est plus élevé, notamment pour la vulve et le vagin ». Le risque de second cancer est en augmentation depuis les années 1960 et continue à augmenter 25 ans après le traitement initial.
Au niveau de l'anus, le risque de lésions précancéreuses est multiplié par 6 et celui de cancer par 3. « C'est un cancer rare, poursuit Xavier Carcopino. Il représente moins de 2% des cancers digestifs et il y a 900 nouveaux cas par an en France. L'incidence est augmentation chez les hommes. L'âge moyen du diagnostic est de 65 ans, ce cancer est rare avant 40 ans ».
Pour la vulve, le risque de lésions précancéreuses et de cancer sont respectivement multipliés par 13 et 5 et pour le vagin par 25 et 86. « Pour l'oropharynx, il n'y a pas de lésion précancéreuse, poursuit le spécialiste. Le risque de cancer est multiplié par 5 ». Plus de 11000 cas, dont 71% chez des hommes, ont été observés en 2012 en France pour le cancer oro-pharyngé classé au 8e rang des cancers. Outre le tabagisme (risque multiplié par 3), le nombre de partenaires sexuels est un facteur de risque majeur, le risque étant multiplé par 6 pour 6-10 partenaires. Les rapports bucco-génitaux avec >5 partenaires multiplie le risque par 7.
Faut-il envisager un dépistage des autres cancers HPV ? « Un dépistage doit concerner une pathologie fréquente et dépistable à un stade curable, répond Xavier Carcopino. Le test doit être efficace et peu coûteux, et l'histoire naturelle lente. Si un critère manque, il ne peut pas y avoir de dépistage. C'est pourquoi il n'est pas envisageable de réaliser un dépistage pour les autres cancers HPV ».
Que faut-il mettre en place pour les femmes traitées pour une lésion du col de haut grade ? « La surveillance post-thérapeutique comprend un examen de la vulve et du vagin, explique-t-il. En revanche, pour l'anus et l'oropharynx, la communauté spécialisée est bien embêtée, il n' y a pas de réponse. Un suivi ORL et un frottis anal ou une anuscopie n'ont pas démontré de bénéfice à ce jour. Il est important de dire aux femmes que si le risque existe en effet, il reste faible ».
Qu'en est-il du risque encouru par le(s) partenaire(s) ? « C'est une autre interrogation légitime, ajoute-t-il. C'est le flou le plus complet. Il y a plus de questions que de réponses et aucun examen n'est recommandé ».
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