« Face à un patient qui se dégarnit, et qui consulte pour cela, gardons-nous de banaliser sa chute de cheveux (ce n’est rien, vous êtes comme votre père, vous perdez vos cheveux). Les miroirs aux alouettes l’attendent », indique le Dr Pierre Bouhanna*, Dermatologue libéral, attaché de consultation au Centre Sabouraud, Hôpital Saint-Louis.
Il convient, selon lui, de « faire le diagnostic positif d’alopécie androgénique (anamnèse de calvities dans sa famille, examen du cuir chevelu), le diagnostic différentiel avec les autres alopécies non cicatricielles (effluvium télogène, pelade), infectieuses (syphilis…), et cicatricielles (lupus discoïde, lichen plan),… et à éliminer une origine médicamenteuse (anticoagulants, antiépileptiques…), une prise d’anabolisants (body-building), un régime amaigrissant ».
Si la calvitie à venir inquiète le patient, l’adresser en consultation spécialisée permettra de confirmer le diagnostic et d’établir un pronostic (évolution prévisible en fonction de la classification multifactorielle et du caractère transitoire ou non de la chute de cheveux actuelle).
Miniaturisation progressive
Pour le Dr Bouhanna, « la priorité est d’écouter le patient, de comprendre son profil psychologique sa gène et sa demande. On pourra ensuite lui expliquer les solutions. Il pourra soit choisir de ne rien faire - sauf au pis aller couper les cheveux très courts, voire se raser, mettre une poudre masquante - soit tenter de ralentir la perte par un traitement médical - à vie - la chute de cheveux reprenant à l’arrêt (minoxidil topique, finastéride per os), ou d’opter, après un délai de réflexion, pour une chirurgie de réimplantation définitive de cheveux ».
Cette dernière consiste à transplanter dans les régions dégarnies des cheveux prélevés dans la région occipitale. « Les cheveux des zones dégarnies ont des récepteurs aux androgènes dont la stimulation a abouti à leur miniaturisation progressive, pathognomonique de la calvitie. Ceux de la région occipitale sont dépourvus de récepteurs aux androgènes, ce qui explique qu’ils restent insensibles aux androgènes une fois transplantés », indique le Dr Bouhanna.
La greffe par unité folliculaire implante des fragments de 1 à 3 cheveux dans les zones dégarnies. Deux techniques de prélèvement (toujours occipital), se discutent. La technique FUL : sans rasage préalable, une bandelette de cuir chevelu d’un centimètre de large et de longueur variable selon l’importance de la zone à regarnir, est prélevée puis découpée en unités folliculaires sous microscope. Cette greffe se fait actuellement à cheveux longs et permet de réimplanter en une séance 3 à 4 000 cheveux dont la tige a 3 à 4 cm de long, ce qui permet une plus grande discrétion dans les jours qui suivent. La technique FUE : le cuir chevelu occipital est rasé puis on prélève des unités folliculaires de moins d’1 mm de diamètre à l’aide d’un micropunch (emporte-pièce) ou d’une machine automatique (technique Safer, FUE automatique). Cette technique FUE permet de réimplanter 2 000 cheveux en une séance.
Le traitement chirurgical de la calvitie nécessite en règle générale 1 à 2 séances à 1 à 5 ans d’intervalle et peut s’envisager même chez des sujets très âgés dégarnis depuis des années.
Le Dr Bouhanna note que « les compléments vitaminiques peuvent être utiles et que les shampoings adaptés (antipelliculaire et/ou cheveux gras) améliorent le confort même s’ils restent sans effets sur l’évolution ».
*auteur de : « les alopécies, de la clinique au traitement », Éditions Medcom
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