L'acné est la maladie inflammatoire de la peau la plus fréquente, comme l'a confirmé récemment l'étude Objectifs peau menée par la Société française de dermatologie. C'est aussi le premier motif de consultation chez le dermatologue. Si la fréquence des récidives, rapportée par les dermatologues, semble en augmentation, aucune étude n'avait jamais été réalisée en France, a rappelé le Dr Charles Taïeb (Necker, Paris). Pour mieux appréhender ce risque de récidive en vie réelle, une étude par autoquestionnaire digital a été menée chez les patients consultant leur dermatologue en ville. Quelque 400 spécialistes ont été sollicités pour ce travail, qui a reçu le soutien des laboratoires La Roche-Posay.
Chez l'adulte aussi
La sévérité de l'acné était évaluée par le dermatologue à l'aide de l'échelle GEA ; la qualité de vie était quant à elle évaluée par deux questionnaires : le CADI, spécifique de l’acné et le SF12, non spécifique de la dermatose. Différents autres critères ont par ailleurs été renseignés : la présence d'une récidive, sa localisation et ses conséquences, notamment la perte d'activité au cours des 30 derniers jours. Sur les 1 055 patients inclus, 1 048 dossiers ont pu être analysés. Il s'agissait de femmes dans près de trois-quarts des cas (73,5 %). L'acné était légère (43 % des cas), modérée (41 %) et sévère (16 %). Deux tiers des sujets ayant participé à cette enquête avaient moins de 20 ans, mais près d'un tiers plus de 20 ans, confirmant la fréquence de l’acné chez l'adulte.
Une récidive a été rapportée par 44 % des participants, plus fréquemment chez les plus de 20 ans que chez les moins de 20 ans : 50 % vs 39 % (p < 0,01). Les patients déclaraient le plus souvent plusieurs récidives au cours de l'année (92,4 %), localisées au même endroit dans les trois-quarts des cas et de même sévérité dans deux tiers des cas.
Altération de la qualité de vie
Face à ces récidives, 35 % des patients exprimaient un sentiment de fatalité, 31 % de la colère et 18 % aucun sentiment. Deux tiers d'entre eux rapportaient avoir des marques et 37 % des cicatrices.
La qualité de vie était plus altérée chez les patients rapportant des récidives, en particulier chez ceux signalant des marques et des cicatrices. La dimension physique du score SF12 n'était pas altérée, à l'inverse de la dimension mentale, modifiée chez les sujets se plaignant de marques ou de cicatrices.
Enfin, une perte de productivité était plus souvent rapportée chez les patients ayant une acné récidivant (6,6 % vs 3,6 % en l'absence de récidive). La durée d'absence était de 1,9 jours chez les sujets avec récidive, comparativement à 1,3 jour chez ceux sans récidive (p = 0,04).
Cette étude, la première du genre en France, confirme ainsi la fréquence des récidives, qui concernent près d'un patient sur deux, ce qui altère la qualité de vie et entraîne un certain fatalisme.
Communication du Dr Charles Taïeb, hôpital Necker (Paris)
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