Selon les données du ministre de la Santé aux États-Unis, le tabagisme est associé à un risque accru de 30 à 40 % de développer un diabète de type 2 (DT2). « La relation est dose-dépendante, ce qui témoigne d'un lien de causalité », a souligné le Dr Ivan Berlin (La Pitié-Salpêtrrière, Paris) lors d'une session commune avec la Société francophone de tabacologie. Ce lien a été confirmé par plusieurs méta-analyses, dont les résultats concordent : risque augmenté de 44 % dans le travail de Willis et al. en 2007, de 37 % dans la méta-analyse du ministère de la Santé américain en 2014 et dans celle de Pan et al. en 2015.
Le tabagisme passif est lui aussi associé à une augmentation de 22 % du risque de DT2. « Aux États-Unis, on estime ainsi que 12 % des cas de DT2 seraient induits par le tabagisme », a précisé le Dr Berlin.
Parmi les mécanismes en cause, une sensibilité à l'insuline réduite de 10 à 40 % chez les fumeurs, là encore de façon dose-dépendante, sous l'effet notamment d'une stimulation sympathique constante. L'impact de cette insulinorésistance est toutefois atténué par un poids généralement plus faible. Parallèlement, on retrouve une hypersinsulinémie, une hypertriglycéridémie et un HDL-cholestérol bas. Le tabagisme va également souvent de pair avec une alimentation déséquilibrée et une activité physique réduite. In fine, tous ces facteurs contribuent à l'accumulation de graisse abdominale et donc à un risque accru de syndrome métabolique, de prédiabète et de DT2.
Que se passe-t-il à l'arrêt de la cigarette ? Les données récentes soulignent une augmentation initiale du risque de DT2, parallèle à la prise de poids et culminant 5 ans après le sevrage. « Mais même en cas de prise de poids, le sevrage tabagique est associé à une baisse massive du risque cardiovasculaire », a insisté le Dr Berlin.
Enfin, chez les diabétiques, au-delà de l'impact majeur sur le risque cardiovasculaire, le fait de fumer est associé à une augmentation dose-dépendante de l'HbA1c et exposerait à un risque accru d'hypoglycémies sévères.
D'après la communication du Dr Ivan Berlin, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrrière, Paris
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