Les objectifs de l’exercice

Penser aussi à la masse musculaire

Publié le 20/04/2015
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Chez le patient diabétique, la pratique d’une activité physique est recommandée, mais cela se fait souvent dans le seul but d’une réduction du poids corporel.

Or, comme l’ont rappelé les Drs Chantal Simon et Saïd Bekka, la graisse viscérale, dont témoigne le tour de taille, est délétère, mais il faut également penser au risque lié à la diminution de la masse musculaire, qui agit indépendamment de l’excès de graisse. Un excès de masse grasse associé à une réduction de la masse musculaire augmente notamment le risque de syndrome métabolique par un facteur 5. De ce fait, la seule mesure de l’indice de masse corporelle ne suffit pas.

L’index de masse musculaire diminue avec l’âge, mais de façon plus marquée chez les diabétiques de type 2. La sarcopénie est plus qu’une atrophie musculaire. Elle a une définition anatomique et fonctionnelle, contractile mais aussi métabolique. Qualitativement, il existe un remodelage neuronal avec une véritable reprogrammation qui se traduit par une réduction plus marquée des fibres rapides et une baisse de la fonction d’oxydation des lipides.

Chez le diabétique, la sarcopénie est liée à l’âge, mais aussi à l’insulinorésistance, à la sédentarité ou encore à un apport protéique insuffisant souvent secondairement à des régimes itératifs. Elle a un double impact. La perte musculaire (fibres oxydatives) favorise la prise de poids et la faiblesse musculaire entraîne une réduction de l’activité physique, une accumulation de lipides, une insulinorésistance et, in fine, un déséquilibre du diabète.

Sarcopénie

Il n’y a actuellement pas de recommandations pour évaluer en clinique la sarcopénie, en dehors du contexte du sujet âgé où la prévention des chutes est au premier plan. Chez le diabétique, tout l’enjeu est de dépister l’obésité et la présarcopénie. Le praticien peut évaluer au moyen de différents tests la force (« handgrip » ou pince dynamomètre, flexion/extension du genou) et la performance (vitesse de marche habituelle, « get up and go » test).

S’il est important, en pratique clinique, de penser au muscle, qui est l’effecteur de l’activité physique, quel exercice proposer ? Pendant longtemps, l’activité en endurance a été privilégiée, à raison de 30 minutes d’activité modérée à intense 5 fois par semaine. Plus récemment, les activités de la vie quotidienne ont été prises en compte, car elles contribuent de façon non négligeable à la dépense énergétique. De même, la sédentarité a des effets délétères propres, qui font l’objet de recherches. Des travaux ont montré que l’interruption répétée de la station assise, à raison de 2 minutes de marche légère toutes les 20 minutes a un effet bénéfique sur la réponse glycémique et insulinique à un repas.

Parallèlement aux activités d’endurance, un renforcement musculaire est aujourd’hui préconisé en raison de ses effets musculaires, osseux, fonctionnels et métaboliques spécifiques, notamment une amélioration de la sensibilité à l’insuline. Chez certains patients, un renforcement musculaire peut parfois être nécessaire avant la reprise d’une activité physique. Des exercices avec de simples élastiques permettent de jouer sur l’ensemble des muscles.

Atelier « Activité physique chez le diabétique ». D’après les communications des Drs Chantal Simon (Lyon) et Saïd Bekka (Chartres)
Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9405