« Un diabétique sur quatre a plus de 75 ans, ce qui représente 750 000 personnes en France », précise le Pr Bernard Bauduceau (HIA, Saint-Mandé). Ainsi, plusieurs études se sont intéressées à cette population de patients.
Un risque accru d’hypoglycémie
Dans l’étude Gerodiab menée parmi 987 patients avec un diabète de type 2 (DT2) de plus de 70 ans, les principales causes de mortalité retrouvées étaient surtout cardiovasculaires (35 %), liées aux cancers ou aux hémopathies (23 %), inconnues (18 %) ou respiratoires (10 %). De plus, un tiers des patients (33,6 %) avaient une hypoglycémie à 6 mois. Une étude transversale de la Société française de gériatrie et de gérontologie (1) réalisée chez 1 552 sujets DT2 de plus de 80 ans, auprès de 324 gériatres, a mis en évidence 26,7 % d’hypoglycémies. Cela confirme la large étude observationnelle DIALOG qui avait montré 40 % d’hypoglycémies chez le sujet âgé. Pour le Pr Bertrand Cariou (CHU de Nantes), « l’hypoglycémie du sujet âgé est une vraie réalité ». L’observatoire de la prise en charge SAGES, mis en place chez 959 patients DT2 de plus de 65 ans, auprès de 227 médecins généralistes français. Il a été constaté que plus du tiers des patients traités en monothérapie recevaient des sulfamides ou glinides. Au regard des taux d’HbA1c à l’inclusion, « beaucoup de patients âgés sont traités de façon trop intensive, les menaçant d’hypoglycémie sévère », relève le Pr Bauduceau.
Des complications limitées par une prise en charge efficace
L’étude Jubilé s’est intéressée à la vie après 50 années de diabète de type 1 (DT1) via l’analyse de 671 patients (âge moyen 63 ans, diabète découvert 15 ans) et leurs médecins. Les résultats, présentés lors de cette édition 2017 de la Société française de diabétologie (SFD), ont mis en évidence de l’hypertension (65 %), des accidents coronaires (20 %), peu d’AVC ou d’artérite (7 %), des hypoglycémies non ressenties (10 %) et un bon équilibre glycémique (HbA1c de 7,4). « Cette étude est un message d’espoir pour les DT1 qui montre qu’une prise en charge efficace et intensive limite les complications aiguës et chroniques de la maladie et permet une vie familiale et professionnelle de qualité », conclut le Pr Bauduceau. Cependant, il s’agit de patients sélectionnés par la durée de leur survie en l’absence de complications graves et investis dans la prise en charge de leur maladie.
Une diminution du risque d’hypoglycémie sous Glargine 300
Une étude observationnelle, Hypoage (2), dont les inclusions devraient débuter prochainement, évaluera en vie réelle la prévalence des hypoglycémies confirmées (< 0,7 g/l) et sévères chez 250 sujets DT2 insulinotraités de 75 ans et plus. Les patients répartis en 2 groupes (« vigoureux » et « vulnérables ») seront suivis pendant un mois et équipés, en aveugle, par un capteur de glycémie en continu. En évaluant la fréquence et les facteurs prédictifs d’hypoglycémie, cette étude menée dans 6 centres devrait permettre une meilleure utilisation de l’insulinothérapie.
D’après une sous-analyse du programme EDITION comparant l’insuline Glargine 300 (Gla 300) à la Glargine 100 (Gla 100) chez les sujets DT2 ≥ 65 ans, la proportion de patients atteignant la cible d’HbA1c à 6 mois sans épisodes d’hypoglycémie était plus importante dans le groupe Gla 300. Selon le Pr Bertrand Cariou, « la glargine 300 va, de façon significative, permettre d’atteindre plus facilement l’objectif glycémique sans hypoglycémies. Pour les patients, le fait d’être sous Glargine 300 diminue le risque d’hypoglycémie. De plus, on retrouve un bénéfice en faveur de la réduction des hypoglycémies avec la Glargine 300, comparé à la Glargine 100, quel que soit le degré d’insuffisance rénale ». Enfin, les résultats de l’étude SENIOR, spécifiquement randomisée chez les patients DT2 ≥ 65 ans et dont 20 % ont plus de 75 ans, sont attendus avec impatience en fin d’année.
D’après le symposium du laboratoire Sanofi-Aventis
(1) De Decker L et al. Poster n°CA069
(2) Pichelin M et al. Poster n°CA063
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