Du nouveau pour le RGO

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Publié le 03/11/2023
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De nouveaux antisécrétoires, les P-CABs, arrivent dans le reflux gastro-œsophagien (RGO). Les conditions de prise en charge chirurgicale dans l’œsophage de Barrett pour prévenir un éventuel adénocarcinome ou encore des endoscopies répétées en l’absence d’œsophagite ont aussi été précisées au congrès.
En l’absence d’œsophagite, il n’y a pas lieu de procéder à des endoscopies répétées, que le RGO soit prouvé ou non

En l’absence d’œsophagite, il n’y a pas lieu de procéder à des endoscopies répétées, que le RGO soit prouvé ou non
Crédit photo : GARO/PHANIE

Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) – principal traitement médical du reflux gastro-œsophagien (RGO) – sont efficaces pour cicatriser les lésions d’œsophagite, soulager les symptômes et prévenir les récidives. Cependant, leur long délai d’action, ainsi que la nécessité d’être pris avant un repas, ont incité au développement d’une nouvelle famille d’antisécrétoires : les P-CABs, pour Potassium-Competitive Acid Blockers. Ils bloquent la pompe à protons, mais de manière non covalente, en circulant à grande concentration dans les canalicules sécrétoires, ce qui les rend insensibles à l’effet du repas et leur procure un délai d’action plus rapide. Certains P-CABs sont déjà disponibles au Japon, mais pas en Europe.

Plusieurs présentations à l’UEGW 2023 concernaient ces molécules, dont le linaprazan. Une étude portant sur 248 patients atteints d’œsophagite peptique comparait trois doses de linaprazan, à 30 mg de lansoprazole (1). Dans l’œsophagite sévère, les meilleurs taux de cicatrisation étaient obtenus avec le linaprazan à la dose de 75 mg, deux fois par jour : 89,5 %, contre 37,5 % pour le lansoprazole. Chez les patients avec une œsophagite de grade A ou B, les taux poolés de cicatrisation étaient de 83,8 % et 81 % respectivement. Ces résultats montrent que le linaprazan, comme les autres molécules de cette classe thérapeutique, possède un potentiel antisécrétoire plus élevé que les IPP, et pourrait trouver sa place, en particulier dans le traitement de l’œsophagite sévère ou résistante au traitement par IPP.

Œsophage de Barrett et œsophagite peptique

Une grande cohorte, établie à partir des registres finlandais, norvégiens, danois et suédois, a étudié le risque de développement d’un adénocarcinome de l’œsophage sur œsophage de Barrett, selon qu’il y avait eu (n = 542) ou non (n = 33 397) une fundoplicature (2). Aucune différence significative n’a été constatée. Réaliser cette chirurgie dans le seul but de prévenir un éventuel adénocarcinome n’est donc probablement pas justifié. Ce même registre a fourni une autre indication : les 285 811 patients avec RGO sans œsophagite (suivis pendant six ans) n’avaient pas de surrisque d’adénocarcinome, alors que ceux qui avaient une œsophagite peptique avaient un risque augmenté (3). Par conséquent, en l’absence d’œsophagite, vu qu’il n’y a pas de surrisque d’adénocarcinome, et ce, quel que soit le diagnostic de RGO (prouvé ou non), la pratique d’endoscopies répétées n’est pas justifiée chez ces patients.

Une technique endoscopique très prometteuse

Le dépistage de la dysplasie dans l’œsophage de Barrett reste compliqué et repose, en l’absence de lésion macroscopique, sur des biopsies aléatoires. Une équipe néerlandaise a présenté les résultats d’une étude de phase 2 d’une technique d’endoscopie par fluorescence moléculaire utilisant le bévacizumab marqué au colorant fluorescent à l’infrarouge 800CW (4). Celle-ci a permis la détection de 70 lésions dysplasiques, contre 55 détectées par des endoscopistes experts (+27 %) et 33 par des endoscopistes d’hôpitaux généraux (+112 %). De plus, il n’est pas exclu que cette technique puisse détecter des lésions potentiellement dysplasiques avant même qu’elles soient diagnostiquées en anatomopathologie.

(1) Sharma P et al. MP067 

(2) Åkerström JH. OP047 

(3) Holmberg D. OP048 

(4) van der Waaij AM. OP051


Source : Le Quotidien du médecin