TRAFIC D’ORGANES, appropriation illégale des biens d’autrui, faux testaments, disparitions voire homicides. Tout cela se serait passé dans l’univers clos de la maison de santé Pape-Jean-XXIII, un hospice situé à Cosenza, en Calabre, dirigé par Don Alfredo Luberto.
L’affaire a éclaté il y a quelques mois, lorsqu’un procureur, visiblement plus perspicace que ses prédécesseurs, a décidé d’enquêter sérieusement sur la disparition d’une douzaine de personnes et sur une quinzaine de décès aux allures suspectes. Le dossier monté par le juge Paola Eugenio Facciola fait également état d’une centaine de patients qui auraient subi des lésions importantes.
La clinique Pape-Jean-XXIII hébergeait 180 patients, des personnes âgées, des handicapés, des cas psychiatriques ou qualifiés tels par une famille prête à tout pour se débarrasser d’un parent encombrant. Des malades soi-disant soignés, mais dans des conditions épouvantables, couverts de puces, de poux et d’excréments, affamés, parfois attachés à leur lit avec pour tout drap un morceau de chiffon crasseux.
En arrivant, la plupart des patients avaient un petit pécule dont se serait rapidement emparé le directeur, Don Alfredo Luberto, obligeant certains à lui faire des donations, d’autres à rédiger de faux testaments. Dans la caverne d’Ali Baba de ce prêtre également accusé d’avoir violé une religieuse en 2007 et suspendu « a divinis » par le Vatican pour l’affaire de la maison de santé, les carabiniers ont trouvé un véritable trésor, dont des dessins du peintre De Chirico, des boîtes pleines d’or et d’argent, des montres précieuses... Et pour refaire la décoration de son appartement de fonction, le prêtre aurait aussi utilisé les fonds débloqués par la Région, qui versait pour chaque patient, entre 110 et 195 euros par jour. Au total, il aurait détourné 28 millions d’euros versés par les institutions sanitaires locales.
Pire encore, des patients auraient commencé à disparaître en 1997. Onze au total. Pour la justice, la direction de l’établissement pourrait avoir tout simplement expédié ses patients dans l’autre monde afin de s’approprier de leurs biens. Le parquet vient de renvoyer 27 personnes, dont Alfredo Luberto, devant les tribunaux. Et tandis que la justice suit désormais son cours, les salariés manifestent pour empêcher la fermeture de « l’hospice des horreurs ».
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