Une trentaine d'autres femmes sujettes à des douleurs depuis la pose d'implants censés traiter la descente d'organes ou l'incontinence urinaire ont déposé plainte le 8 juillet dans le cadre de l'enquête menée à Paris pour tromperie aggravée et blessures involontaires, affirme l’AFP, qui vient confirmer une information de France Inter. D’après la radio du service public, depuis 2020, date de dépôt des premières plaintes (une vingtaine), ce sont aujourd’hui 113 femmes qui demandent réparation et dénoncent des effets secondaires graves liés à la pose de bandelettes sous-urétrales et de prothèses de renfort pelvien, posées par voie vaginale ou abdominale.
« Nous nous réjouissons pour les plaignantes de l'avancée de l'enquête. Mais des femmes continuent à nous contacter (...), ce qui montre que l'ampleur du problème est sans doute encore sous-évaluée », ont réagi auprès de l'AFP Mes Dorothée Bisaccia-Bernstein, Laure Heinich, Hélène Patte et Amandine Sbidian, qui représentent désormais les 113 plaignantes.
Enquête préliminaire depuis 2021
Depuis avril 2021, une enquête préliminaire est en cours pour tromperie aggravée et blessures involontaires au pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris, confiée à l'Office de lutte contre les atteintes à la santé publique (Oclaesp). Une partie des plaignantes a déjà été entendue.
Ces dispositifs médicaux, développés depuis la fin des années 1990, sont destinés au traitement de l'incontinence urinaire et des prolapsus des organes pelviens. Les plaignantes soutiennent que les laboratoires ont sciemment minimisé voire dissimulé les risques que présentaient leurs dispositifs contenant du polypropylène, notamment les difficultés - et même l'impossibilité - de les enlever. Parmi les effets indésirables : incontinence, infections, saignements, lésions, douleurs chroniques. « J'ai besoin d'une canne pour me déplacer. Je ne peux pas rester debout en statique. La position assise est compliquée. Conduire me provoque aussi des douleurs. La douleur ne me quitte pas, elle est là 24 heures sur 24 », décrit au micro de France Inter Céline, 42 ans, opérée en 2019, à la suite de complications liées à l'endométriose.
Suspension des implants par voie vaginale depuis 2019
Des procédures ont été menées dans le monde anglo-saxon et plusieurs laboratoires ont payé de lourdes amendes, notamment aux États-Unis, pour solder les poursuites. Outre-Atlantique, les prothèses posées par voie vaginale y ont été classifiées à « haut risque » en 2016 et interdites en 2019.
En France, la pose par voie vaginale des implants pour le prolapsus est suspendue depuis 2019. Ceux posés par voie abdominale et certaines bandelettes sous-urétrales sont toujours autorisés et leur pose est désormais encadrée. Quelque 30 000 implants vaginaux seraient posés chaque année.
« On se bat pour toutes ces femmes, pour que ces bandelettes soient interdites », a rappelé Anne-Laure Castelli, l'une des plaignantes qui a lancé le collectif Balance ta bandelette - qui regroupe plus de 1 000 personnes - estimant que le taux de complications liées à ces dispositifs demeure sous-évalué en France.
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