Les chercheurs de Beaujon (Prs Rebours et Levy) et de Béclère (Pr Perlemuter et Dr Cassard) ont cherché à déterminer si le microbiote intestinal était impliqué dans le fait qu’un consommateur excessif d’alcool fasse une pancréatite ou une hépatite alcoolique, ou reste en bonne santé.
Ils ont comparé le microbiote de patients ayant tous une consommation excessive d’alcool et répartis en trois groupes « sans complication », « hépatite alcoolique aiguë sévère », ou « pancréatite chronique alcoolique ». C’est la 1re fois que ce type de travail était réalisé.
Les chercheurs ont montré l’existence d’une dysbiose spécifique dans le groupe « pancréatite alcoolique » par rapport à celui « sans complication »caractérisée par une diminution de la diversité bactérienne associée à une composition différente du microbiote (augmentation des entérocoques, des klebsielles, et des pseudomonas). « La dysbiose est-elle cause ou conséquence de la pancréatite, et dans ce cas est-elle liée à l’insuffisance pancréatique, sera-t-elle à l’origine de complications (infections…) ? Ou est-elle liée au fait qu’il s’agit de patients très malades ? Nous en sommes là » indique le Pr Perlemuter.
Des espèces spécifiques
La comparaison du microbiote des groupes « pancréatite » et « hépatite alcoolique »n'a pas révélé de différence dans la diversité bactérienne; Concernant la composition bactérienne en revanche certaines espèces apparaissent spécifiquement associées à la présence d’une pancréatite ou d’une hépatite.
Les chercheurs concluent qu’il existe une dysbiose spécifiquement associée à chaque type de complication liée à l’alcool. Pour la maladie alcoolique du foie, l'équipe du Pr Perlemuter avait déjà démontré (1) que la dysbiose n’est pas seulement conséquence mais aussi causale. Pour la pancréatite alcoolique, le Pr Perlemuter précise qu’il « reste à déterminer si la dysbiose spécifique est également causale et si elle aura une incidence sur la prise en charge des patients ».
D’après un entretien avec le Pr Gabriel Perlemuter (hôpital Béclère, Clamart), auteur du livre « les bactéries, des amies qui vous veulent du bien » (ed Solar) (2), prix de la meilleure vulgarisation scientifique aux journées "la science se livre" en janvier 2017.
(1) Llopis M. et al., GUT, 2 016 vol. 65 (5) pp. 830-9
(2) Perlemuter G et al. Les bactéries, des amies qui vous veulent du bien. Solar 2 016.
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