L’Organisation mondiale de la santé a pour objectif une élimination du virus de l’hépatite C (VHC) en 2030. « En France, si les efforts sont faits en matière de dépistage, cet objectif pourrait être atteint dès 2024 », estime le Pr Christophe Hézode (hôpital Henri-Mondor à Créteil). Le baromètre de l’éradication estimait le nombre de patients à traiter en France à 114 116 au 1er janvier 2018. Un peu moins de la moitié restent à dépister, et les recommandations insistent sur la nécessité de passer d’un dépistage ciblé, qui a montré ses limites, à un dépistage universel.
Ses modalités se fondent sur un concept relativement simple : le dépistage du VHC, pour chaque individu adulte une fois dans sa vie, à renouveler en cas d’exposition à un facteur de risque. Il faut penser à dépister aussi l’hépatite B et l’infection par le VIH. « Il est évident que les médecins généralistes auront un rôle majeur à jouer dans ce dépistage », souligne le Pr Hézode.
Parallèlement, il faut lever les derniers freins à l’accès aux traitements. Un grand pas en avant a été franchi en mai 2017 avec l’accès universel au traitement, mais il semble important aujourd’hui de faciliter le parcours de soins des patients en permettant à tout médecin de le prescrire. « La plupart des médecins qui travaillent dans les centres spécialisés comme les CSAPA (centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) sont des généralistes et des psychiatres, qui ne peuvent pas prescrire le traitement », rappelle le Pr Hézode.
« Il faut également promouvoir pour le dépistage l’utilisation des TROD (tests rapides d’orientation diagnostique) dans les différentes structures, en diffusant mieux les buvards pour contourner les difficultés de prélèvement. La délivrance des médicaments doit pouvoir se faire en officine, et non plus seulement dans le cadre d’une rétrocession hospitalière. »
Parcours simplifié ou expert
Deux parcours de soins sont proposés dans ces recommandations. L’un, simplifié, concernera 80 % des patients, ceux qui n’ont pas de maladie sévère du foie décelée après évaluation de la fibrose par Fibroscan ou test sanguin et qui sont naïfs de traitement. Ils n’auront besoin ni de prise en charge dans un centre expert ni d’aucun suivi particulier au-delà du contrôle 3 mois après la fin du traitement, sauf s’il existe un risque de réinfection.
L’autre parcours de soins, dit expert, sera destiné aux patients déjà traités, ou ayant une fibrose sévère ou des comorbidités. Ils seront suivis par une équipe spécialisée.
Les traitements pangénotypiques seront recommandés en première intention, ce qui permettra de s’affranchir du génotypage :
– association sofosbuvir + velpatasvir à raison d’un comprimé par jour pendant 12 semaines chez le sujet avec une maladie compensée ;
– association glécaprevir + pibrentasvir à raison de trois comprimés par jour en une prise pendant 8 semaines chez le patient sans cirrhose et 12 semaines chez le patient avec cirrhose compensée.
« Il y a peu de problèmes de tolérance avec les traitements pangénotypiques, mais il faut en revanche être très vigilant sur les interactions médicamenteuses chez ces patients, qui ont une comorbidité dans 92 % des cas et plus de cinq dans 40 % des cas, insiste le Pr Hézode. Les praticiens pourront s’aider d’applications dédiées. »
D’après un entretien avec le Pr Christophe Hézode, hôpital Henri-Mondor, Créteil
(1) « Recommandations VHC 2018 », palais des congrès de Paris, amphi Bleu, jeudi 22 mars à 8 h 54.
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