Après Ronapreve (casirivimab/imdevimab) et Xevudy (sotrovimab), dont l’efficacité a été mise à mal par l’arrivée d’Omicron pour le premier et par un de ses sous-lignages BA.2 pour le second, l’Emergency Task Force (ETF) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) met officiellement sur la touche un autre traitement contre le Covid-19 : Evusheld (tixagevimab/cilgavimab). Cette combinaison d'anticorps monoclonaux se révèle peu ou pas efficaces face aux nouveaux variants issus de BA.5 qui deviennent dominants en Europe.
Concernant l'ensemble des combinaisons d'anticorps disponibles, des tests de laboratoire montrent qu’ils s’avèrent « peu efficaces face aux variants Omicron BA.4.6, BA.2.75.2 et XBB », souligne un communiqué. Et face au variant BA.5, « ils ne parviennent pas non plus à neutraliser de manière significative (les variants) BQ.1 et BQ.1.1, qui devraient devenir les souches dominantes au sein de l'UE au cours des prochaines semaines », est-il également indiqué.
Aussi, les données manquent, « à l'heure actuelle », sur l'efficacité de doses plus élevées d’anticorps monoclonaux contre les variants préoccupants. Cette stratégie avait été adoptée en France par la Haute Autorité de santé, dès l'apparition du variant BA.2, pour les primo-injections en préventif d’Evusheld, sous réserve de son efficacité sur les variants en circulation. Début décembre, la HAS restreignait par ailleurs fortement les indications en post-exposition de ce traitement, considérant qu'avec BA.5, « son utilisation (est) très marginale, voire nulle ».
Un arsenal thérapeutique fortement réduit par Omicron
Evusheld reste indiqué en cas de contre-indication formelle au Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir, Pfizer) ou en cas de contre-indication rénale ou d'impossibilité d'accès au Veklury (remdesivir) ou encore dans le contexte d’une infection par un sous-variant documenté pour lequel la combinaison d’anticorps monoclonaux garderait une activité neutralisante significative in vitro.
Dans le contexte actuel, la Task Force de l’EMA estime que l’utilisation de ces différents anticorps en prévention ou en traitement n’apportera « probablement pas de bénéfice clinique ». L’arsenal thérapeutique disponible contre le Covid repose désormais essentiellement sur les antiviraux Veklury (remdesivir) et Paxlovid. « Ces thérapies devraient conserver leur activité antivirale contre les variants émergents, car (elle) n'a pas été affectée jusqu'à présent par le schéma mutationnel des variants préoccupants actuellement en circulation », est-il souligné. « En raison de la situation épidémiologique actuelle, les États membres sont encouragés à garantir un accès rapide à ces options de traitement antiviral », insiste l’EMA.
En France, le Paxlovid est indiqué en curatif chez les personnes à risque d'évoluer vers une forme sévère. Malgré la mise en place de l’ordonnance dite « de dispensation conditionnelle » qui permet une délivrance jusqu’à cinq jours après la prescription par le médecin, il reste trop peu prescrit, selon la Pr Brigitte Autran, qui préside le Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars).
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