VASTE ENTREPRISE que celle à laquelle s’attelle le Pr Laurent Degos, jusque récemment président de la Haute Autorité de Santé (HAS), dans le livre que publient vendredi prochain les éditions du Pommier dans leur collection « Essais-Manifestes » (1). « Notre système de santé est au seuil de crises majeures. Laurent Degos démonte, sans langue de bois, les mécanismes complexes qui risquent de faire basculer, voire s’effondrer, le système tout entier », est sous-titré l’ouvrage dès sa couverture afin que les choses soient bien claires.
Pour éviter cette catastrophe annoncée, produit des « tensions financières, sociales, éthiques ou organisationnelles » qui traversent actuellement le système de soins français, Laurent Degos plaide, inlassablement, la prévention. Ces menaces « risquent de faire des ravages si on ne les endigue pas dès les prémices », indique-t-il en introduction de son livre dont la toute dernière phrase est : « Mieux vaut anticiper et prévenir, que guérir. »
La démonstration de cette nécessaire politique se fait progressivement, au fil de chapitres souvent percutants. Ainsi l’auteur décortique-t-il, par exemple, ce qu’il qualifie de « quatuor aux liaisons dangereuses » et dans lequel il range : un futur « choc frontal industrie pharmaceutique-assurances solidaires » – l’occasion pour le Pr Degos de développer son point de vue sur le dossier du Mediator ; la crise sociale et les difficultés de l’institution hospitalière ; l’« ambigu pas de deux » qu’il prête au couple éthique et innovation ; le parcours de soins (doublé d’une « crise institutionnelle »).
Gare aux « précautionneux ».
Dans l’esprit de l’ancien patron de la HAS, « prévention » ne rime pas avec n’importe quoi. Pour mettre les points sur les « i », le Pr Degos consacre plusieurs pages au thème très en vogue du principe de précaution. L’occasion pour lui d’en appeler à un retour au… bon sens. « Le pragmatisme serait bienvenu, dans quelque domaine que ce soit, pour rectifier des mesures ordonnées "par précaution" ou "par prudence" », explique-t-il, avant d’ironiser sur « les préceptes et prévisions des "précautionneux" ».
Par ailleurs, échaudé, sans doute, par quelques signaux avant-coureurs, lors de la crise de la grippe A par exemple (voir encadré), l’expert n’oublie pas qu’il est médecin et met en garde les décideurs quant aux choix qu’ils prendront dans l’avenir pour réformer le système de soins : « On aurait tort de considérer la situation comme un dialogue entre deux partenaires, celui qui demande et celui qui offre l’innovation, le producteur et le consommateur : n’oublions pas les professionnels de santé, les médecins notamment, qui assurent les soins. Ils sont et resteront les conseillers privilégiés du malade (et du citoyen) et bénéficient de sa confiance. »
(1) Laurent Degos, « Santé : sortir des crises ? », éditions Le Pommier, 144 pages, en librairie le 4 février.
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