Un enfant sur dix naît prématurément, soit avant 37 semaines d’aménorrhée (SA), et la prématurité reste la première cause de mortalité infantile y compris dans les pays émergents. Les progrès réalisés dans la prise en charge de ces enfants se sont traduits au cours de ces 15 dernières années par une amélioration très nette de la survie globale, et de la survie sans morbidité sévère. Les données des études de cohorte EPIPAGE 1 (étude épidémiologique sur les petits âges gestationnels) initiée en 1997 et portant sur les grands prématurés (<35 SA) nés dans 9 régions françaises, et de celles d’EPIPAGE 2 lancée en 2011 portant également sur les moins de 35 SA, avec un suivi de 12 ans, attestent cette évolution. Ainsi, en 2011, le taux de survie était de respectivement 31 %, 59 % et 75 % chez les enfants nés à 24, 25, et 26 SA, de 81 % pour ceux nés entre 27 et 31 SA et de 97 % entre 32 et 34 SA. La proportion d’enfants survivant sans morbidité sévère (insuffisance respiratoire chronique à 36 semaines d’âge corrigé avec oxygénodépendance de plus de 30 % ou ventilation mécanique et/ou rétinopathie de grade 3 ou 4 et/ou entérocolite ulcéronécrosante et/ou hémorragie intracrânienne sévère) était de 90 % à 31 SA et de 30 % pour les enfants nés à 25 SA. Par rapport aux données d’EPIPAGE 1, ce taux de survie sans comorbidité majeure a augmenté de 14 % pour les enfants nés entre 25 et 29 SA et de 6 % à 30-31 SA, il n’a pas évolué pour ceux nés à 24 SA.
Le taux de déficience motrice sévère à type de paralysie cérébrale était de 9,2 % en 1997 pour les nouveau-nés de moins de 33 SA. En 2011 ce taux était de 4,7 % pour les enfants nés entre 24 et 31 SA et de 1 % chez les 31-34 SA (soit 10 fois le taux de la population générale).
La prématurité expose également à une plus grande fréquence de handicaps neuro sensoriels et comportementaux ainsi que de difficultés d’intégration sociales Selon les données d’EPIPAGE 1, les séquelles neurodéveloppementales légères, modérées ou sévères étaient présentes chez 49 % des enfants nés entre 24 et 28 SA et 39 % de ceux nés entre 29 et 32 SA. Ces séquelles sont également plus fréquentes que dans la population générale en cas de prématurité modérée à 33-34 SA ou 34-36 SA.
Un quotient de développement < 85 chez 18 % des grands prématurés
En 2013 un questionnaire de suivi a été adressé aux parents des enfants de la cohorte EPIPAGE 2 comportant, entre autres, une échelle de développement global ASQ (ages and stages questionnaires) couvrant 5 domaines : communication, motricité globale, motricité fine, résolution de problèmes, aptitudes personnelles ou sociales. Un score global de 185 correspond à un quotient de développement inférieur ou égale à 85 ; Selon les résultats de ce questionnaire, 18 % des grands prématurés ont un score inférieur à 185 ; ce taux est de 12 % chez les 32-34 SA. Ces troubles du développement associés sont plus fréquents chez les enfants présentant une paralysie cérébrale. Chez ces enfants le taux d’ASQ < 185 est de 32 % chez les 23-26 SA, 21 % chez les 27-31 SA et 15 % chez les 32-33 SA.
Un dépistage précoce des difficultés développementales des enfants nés prématurément est essentiel pour permettre une intervention elle aussi précoce dont le bénéfice est attesté.
D'après la communication du Pr Stéphane Marret, (CHU de Rouen, Inserm-Région (ERI28), université de Normandie) et du Dr Pierre-Yves Ancel ( Inserm U153, université Paris Descartes, hôpital Cochin), pour le groupe EPIPAGE 2.
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