« Nous avons vu venir cette crise de loin : elle a débuté fin décembre en Chine et, fin janvier, l’idée est apparue que cette crise pouvait vraiment déborder les structures en place. Il va y avoir un avant et un après. On se croyait à l’abri avec un système de santé bien organisé et un bon accès aux soins. Là, le volume important de patients à prendre en charge nous a amenés à avoir des raisonnements qu’on n’avait pas avant. On est obligé de prioriser, dans un sens beaucoup plus brutal qu’auparavant. Dans les régions les plus touchées, la question a pu être de savoir si on prenait en charge des patients ou pas. C’était impensable il y a deux mois.
La crise a fait bouger nos priorités. Tout à coup, la prise en charge des patients devient 100 % de l’activité, que ce soit pour l’anticipation ou dans le soin. Plus d’enseignement, ni de recherche, plus de longues réunions à discuter d’un dossier compliqué : nous sommes moins intellectuels, tout est centré sur le concret, sur la gestion des besoins. Une erreur majeure serait d’oublier les fondements de la médecine notamment en termes éthiques. Malgré la situation de crise, gardons la tête froide.
Nous avons découvert notre interdépendance, entre ville et hôpital, entre professionnels de santé, paramédicaux et administratifs. Cela fonctionne : les professionnels de santé partagent, travaillent bien ensemble, se relaient les uns les autres. Une grande solidarité s’exprime entre régions notamment. Les plus touchées nous ont très vite alertés sur la gravité de la situation et ensuite, aucune région n’a refusé d’accueillir des patients quand ça débordait. Maintenant, les liens sont là. Ce sera une aide en cas de nouvelle crise ».
Pr Pierre Tattevin, infectiologue au CHU de Rennes, président de la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf)
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