Les nouveaux vaccins contre la grippe saisonnière sont arrivés dans les pharmacies ce lundi 12 octobre et les autorités sanitaires s’apprêtent à lancer la campagne 2015 de sensibilisation à la vaccination antigrippale. Aux derniers Entretiens de Bichat qui se sont achevés samedi, la Direction générale de la santé (DGS) a dressé un bilan de l’épidémie 2014-2015 et a identifié plusieurs points d’amélioration.
Épidémie de forte intensité
Qualifiée par l’Institut de veille sanitaire (InVS) comme « de forte intensité », la dernière épidémie de grippe saisonnière a donné lieu à 2,9 millions de consultations en France, 30 000 passages aux urgences et 3 133 hospitalisations. Des chiffres dont la DGS reconnaît qu’ils ont entraîné « des tensions significatives sur l’offre de soins hospitalière ».
Sur les 9 semaines d’épidémie, l’excès de mortalité toutes causes confondues a été estimé à 18 300 décès, dont une très grande partie est directement imputable à la grippe. Cette mortalité s’est essentiellement concentrée chez les personnes âgées de plus de 65 ans. Ce phénomène de gravité a d’ailleurs été observé un peu partout en Europe, où l’on estime la surmortalité incidente à 90 000 morts.
1 personne sur 2 admises aux urgences non vaccinée
Les données des services de réanimation fournissent de précieux indices. Sur les 1 597 cas recensés, dont 18 % sont décédés, 48 % étaient âgés de 65 ans et plus, et 83 % avaient été infectés par un virus de type A. Or, la souche principale A (H3N2) qui a circulé est reconnue comme étant particulièrement virulente chez les personnes âgées et/ou à risque. Cette souche a de plus présenté des variations par rapport au vaccin délivré dans 43 % des cas.
Si de telles mutations ne peuvent être anticipées par les fabricants de vaccins, le fait que 82 % des personnes admises aux urgences pour un syndrome grippal présentaient une pathologie chronique à risque, et qu’au moins 50 % d’entre elles n’étaient pas vaccinées, est une situation sur laquelle il faut pouvoir agir.
Plus globalement, l’Institut constate une baisse continue de la couverture vaccinale chez les personnes à risque, avec un taux de vaccination de seulement 47 % en 2014-2015. Une modélisation de l’InVS sur la période 2000-2009 montre qu’un taux de 75 % de vaccinées chez les personnes de plus de 65 ans aurait permis d’éviter environ 3 000 décès par an liés à la grippe.
Adapter la surveillance et mieux informer
Pour le Dr Sylvie Floreani, du Bureau des maladies infectieuses, des risques émergents et de la politique vaccinale à la DGS, « la perception de la grippe comme une maladie bénigne, la méfiance accrue vis-à-vis de la vaccination, la méconnaissance des mesures barrière et la crédibilité entamée de la communication institutionnelle depuis l’épisode H1N1 en 2009-2010 » sont autant d’obstacles à une lutte efficace contre l’épidémie.
Parmi les autres pistes d’amélioration possibles, la DGS évoque les systèmes de surveillances qui « doivent mieux intégrer les spécificités des régions (seuils régionaux) afin de pouvoir être directement utilisés par les ARS pour la gestion (messages sanitaires, régulation de l’offre de soins) ». Si « une meilleure articulation entre les secteurs hospitaliers et ambulatoires est à rechercher », il faudra également « renforcer l’information et la communication envers le grand public et les professionnels de santé ». Au sein de cette dernière catégorie, le taux de couverture vaccinale, de l’ordre de 30 %, pose évidemment question...
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