Inutile de faire perdre du poids à un patient en situation d’obésité se soucier, dans le même temps, des comorbidités de cette maladie chronique. Le collectif national des associations d’obèses (CNAO) en recense même dix-huit ! Celles-ci doivent être prises en charge de façon personnalisée, selon les besoins et l’état de santé général du patient.
Chez la personne en surpoids ou obèse, l’apparition de maladies cardiométaboliques est liée à l’excès de graisse « mal placée », dans le muscle, les viscères, le foie ou autour du cœur. « L’accumulation de graisse dans ces organes peut entraîner de multiples pathologies telles que l’hypertension artérielle, le diabète, la goutte ou encore le syndrome des ovaires polykystiques, cause fréquente d’infertilité chez la femme. La survenue de ces maladies est donc davantage liée à l’accumulation de graisses ectopiques qu’à l’excès de poids lui-même », explique le Pr Boris Hansel, nutritionniste-endocrinologue à l’hôpital Bichat et rédacteur en chef de la chaîne santé PuMS de l’Université de Paris sur Youtube. Dans ces conditions, une personne à peine en surpoids selon les critères d’IMC — mais dont la graisse ectopique s’est beaucoup développée — peut souffrir de ces maladies, alors qu’un patient ayant une obésité massive — mais peu (ou pas) de graisse ectopique — en sera possiblement épargné.
La surcharge abdominale est un bon indicateur de la présence de graisse viscérale, mais la graisse ectopique n’est pas systématiquement détectée en routine.
Un cercle vicieux
Côté respiratoire, un indice de masse corporel (IMC) supérieur à 35 kg/m² favorise l’insuffisance respiratoire et le syndrome obésité hypoventilation, caractérisé par une hypoxie et une hypercapnie. Le syndrome d’apnées du sommeil est, quant à lui, à la fois lié à l’IMC et à l’accumulation de graisse viscérale et ectopique.
L’excès de poids cause également les pathologies ostéoarticulaires telles que l’arthrose, les hernies discales et lombosciatiques ainsi que les lésions tendineuses. « L’expérience montre désormais que le reconditionnement physique [lire p. suivante], même sans perte de poids, permet de diminuer les douleurs. Plus encore que le poids excessif, c’est le déconditionnement et l’inactivité physique qui favorisent certains symptômes ostéoarticulaires », considère le Pr Hansel. Un véritable cercle vicieux s’installe si rien n’est fait : les douleurs amènent le patient à la sédentarité qui elle-même est responsable d’un déconditionnement physique.
L’insuffisance veineuse et l’hypertension intracrânienne bénigne (HICB) peuvent également être des conséquences d’un IMC trop élevé. Les maux de tête en sont les symptômes les plus fréquents. « Enfin, compte tenu du caractère visible de l’excès de poids, de nombreux patients s’isolent. La dépression et les troubles anxieux doivent être repérés, indépendamment de toute tentative de perte de poids, sans négliger le retentissement social qu’il faut également prendre en charge », conclut le Pr Hansel.
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