Depuis les années 1980, la prévalence du surpoids s’accroît chez les enfants et adolescents et les dernières données estiment à 17 % le pourcentage d’enfants de 6 à 17 ans en surpoids, dont 4 % en situation d’obésité. Après trois années d’expérimentation en Seine-Saint-Denis, à la Réunion et dans le Nord-Pas-de-Calais et de premiers résultats prometteurs, le dispositif « Mission retrouve ton cap » (MRTC) de l’Assurance-maladie est aujourd’hui généralisé en métropole et dans les DOM-TOM et devrait être proposé dans plus de 260 maisons de santé pluriprofessionnelles ou centres de santé agréés.
Pour les 3 - 12 ans
Rappelons que ce programme est destiné à des enfants de 3 à 12 ans, soit en surpoids ou avec une obésité non complexe, soit avec des signes d’alerte sur la courbe de corpulence (rebond d’adiposité avant 5 ans et plus encore avant 3-4 ans, changement rapide de couloir vers le haut sur la courbe). Surpoids et obésité sont définis par un indice de masse corporelle (IMC) ≥ au seuil IOTF 25, ou au 97e percentile des courbes de corpulence, mais ne doivent pas correspondre à une situation de complexité ou sévérité (obésité génétique, handicap, retentissement important sur la qualité de vie, échec des prises en charge antérieures, ascension continue de la courbe d’IMC depuis la naissance ou ascension très rapide).
Le point d’entrée dans le dispositif est le médecin de l’enfant, généraliste, pédiatre, médecin de PMI, ou médecin scolaire. D’ores et déjà, 1 150 praticiens ont participé à l’expérimentation, dont 92 % de généralistes.
En pratique, le médecin calcule l’IMC, trace la courbe de corpulence. Puis, si l’enfant correspond aux critères d’inclusion, il l’oriente vers une structure référencée MRTC. Les enfants bénéficient alors, sans avance de frais, de trois bilans, diététique, psychologique, et d’activité physique, et de six séances prises en charge à 100 % de suivi nutritionnel ou psychologique renouvelables deux fois (donc jusque 18 séances), sur une période de deux ans, avec un accompagnement à la pratique sportive. Le médecin de l’enfant est informé grâce à des comptes rendus tout au long du parcours MRTC.
En l’absence d’amélioration, les enfants seront adressés (comme c’est le cas d’emblée pour les jeunes patients avec une obésité complexe) vers des réseaux de prévention et de prise en charge de l’obésité pédiatrique (Réppop) et/ou des centres spécialisés de l’obésité (CSO).
Un enfant sur deux amélioré
« Le dispositif MRTC est un premier pas pour solvabiliser un service qui n’existait pas, financer des professionnels qui, comme les psychologues, ne sont pas tous issus du champ de la santé, souligne la Dr Catherine Grenier, médecin de santé publique et directrice des assurés à la Cnam. Il ne répond pas à tout, notamment au cas des obésités complexes, mais a montré qu’il était efficace. » En effet, 52 % des 2 086 enfants déjà suivis dans une cinquantaine de structures (dans 70 % des cas, des enfants obèses et, dans 60 % des cas, des filles) ont vu leur situation s’améliorer ; 82 % de ces jeunes patients (dont l’âge moyen était de 6,6 ans) ont également changé au moins une habitude de vie (arrêt de la consommation de nourriture entre les repas chez 53 %, arrêt des boissons sucrées lors des repas chez 44 %, augmentation de la consommation de fruits et légumes chez 43 %). Par ailleurs, les enfants des familles en état de vulnérabilité sociale ou économique, soit ceux-là mêmes qui sont les plus exposés au surpoids et disposent de moins de ressources pour la prise en charge, ont été davantage adressés. Neuf fois sur dix, le MRTC a permis à des enfants en surpoids ou obésité d’accéder pour la première fois à une prise en charge de leur problème.
Exergue : « Ce service n’existait pas »
Session « Obésité de l’enfant : mission retrouve ton cap, un dispositif innovant multidisciplinaire en soins primaires »
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Un cabinet écoresponsable
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