Le regard porté par les soignants ou les familles sur la rééducation des personnes âgées s’est modifié. Il y a quelques années, proposer une rééducation à des sujets âgés après un AVC engendrait certaines réticences. On sait maintenant qu’un âge avancé ne constitue pas en lui-même un facteur de mauvais pronostic fonctionnel et que ce sont les comorbidités qui limitent l’intérêt et l’efficacité d’une rééducation. « Une personne même très âgée mérite toute notre attention pour lui proposer une rééducation adaptée, insiste le Pr Patrick Dehail. Un cerveau âgé garde une certaine plasticité et peut donc bénéficier d’une rééducation permettant au patient de faire quelques progrès fonctionnels ».
La rééducation reste en fait assez proche de celle des plus jeunes, mais elle est adaptée aux caractéristiques physiques, psychiques et psychologiques de cette population.
Maintenir les fonctions physiques ralentit le déclin cognitif
Les preuves s’accumulent pour montrer que maintenir un niveau d’activité physique relativement élevé est bénéfique pour les fonctions cognitives et de nombreuses recherches s’attachent à définir des programmes d’activités physiques adaptées afin de préserver non seulement l’autonomie fonctionnelle mais aussi l’état cognitif.
Le parallèle est maintenant bien établi entre, par exemple, l’apparition des troubles de la marche et le déclin des fonctions cognitives dans la maladie d’Alzheimer. Cela incite à proposer différents types de programme, basés notamment sur la réalité virtuelle avec des parcours de marche associés à des tâches à effectuer (changement d’orientation, évitement d’obstacles, éléments à retenir…) ; ces activités à « double tâche », exerçant la marche mais aussi la planification et la mémoire, sont favorables au maintien des capacités locomotrices et cognitives. Les sujets âgés, y compris lorsqu’il existe déjà une petite dégradation cognitive, adhèrent à ces plateformes de réalité virtuelle, souvent ludiques, qui sont déjà utilisées dans certains EPHAD.
La MPR s’implique aussi dans l’assistance à domicile pour permettre aux personnes partiellement dépendantes de rester plus longtemps chez elles grâce à des systèmes « intelligents ». Différentes équipes développent en partenariat avec les industriels des objets communicants qui permettent de rompre l’isolement et d’améliorer l’autonomie.
Combiner les approches nutritionnelles et physiques
Le lutte contre la sarcopénie ets une étape indispensable de la rééducation. Le travail en endurance ne suffit pas et doit être complété par des programmes de renforcement musculaire ajustés et utiles d’un point de vue fonctionnel. Par exemple, des séries répétées de transfert « assis debout » ont un effet favorable sur la musculature des membres inférieurs mais aussi sur l’équilibre dynamique. Ce type de rééducation doit être soutenu par un apport protéique suffisant, donné de préférence en une seule fois, plutôt au repas de midi.
Lutter contre les hypertonies déformantes
Différentes équipes, dont celles de Bordeaux, de Montpellier et de Garches, travaillent sur les traitements des rétractions tendineuses chez des patients grabataires, ce qu’on appelle maintenant « l’hypertonie déformante acquise » par des injections de toxine botulique, des ténotomies percutanées à l’aiguille, des phénolisations de troncs nerveux, etc. Pour limiter les déplacements et les séjours à l’hôpital, ces gestes sont réalisés en ambulatoire, avec des consultations initiales et de suivi, organisées via des réseaux de télémédecine avec les EHPAD, comme c’est le cas à Bordeaux.
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