Quatre fois plus que nécessaire de protéines après un an et demi, excès de sel, dette lipidique et en particulier pour les acides gras essentiels (AGE), glucides complexes réduits à la portion congrue, l’alimentation des enfants de 0 à 3 ans est à l’évidence inadaptée…
Une impression des médecins confortée par les résultats de l’enquête Nutri-Bébé, conduite en partenariat avec le CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) et TNS-SOFRES, et à l’initiative du SFAE (Secteur français des aliments de l’enfance). Ainsi, pour ce qui est des protéines, 10 grammes par année d’âge et par jour de protéines issues de la viande, du poisson ou des œufs suffisent, soit à 18 mois, 20 g/j, l’équivalent de 4 cuillerées à café, loin, bien loin d’une escalope… En tenant compte des protéines provenant du lait et des produits laitiers : « La quantité recommandée est de 500 à 800 ml de lait ou équivalents lactés à partir de l’âge de la diversification, le lait (2e âge et de croissance) et les laitages « bébé » étant 2 à 3 fois moins riches en protéines que le lait de vache », précise le Dr Bocquet.
Deuxième macronutriment, indispensable à la construction du cerveau et aux apports énergétiques notamment, les lipides. Ce n’est pas un hasard si les calories apportées par le lait maternel proviennent pour moitié des graisses… L’ANSES et l’OMS recommandent qu’avant 3 ans, 40 à 45 % des calories soient d’origine lipidique. Or les mamans en ont peur et imposent un régime pauvre en graisses à leur nourrisson aussi. Au menu, huile de colza ou de noix (une cuillerée à café par année d’âge en cours et par jour, ajoutée – sans cuisson) au bon rapport oméga 6/oméga 3, une pointe d’huile d’olive pour le goût (riche en oméga 9, non indispensable à cet âge), beurre et crème avec modération (et sans cuisson). « S’agissant des acides gras poly-insaturés à longue chaîne (AGPI-LC), ils sont présents dans un tiers seulement des laits infantiles 1er âge », regrette le Dr Bocquet. Seconde source d’AGPI, les poissons gras : saumon, maquereau, sardine et hareng, à consommer dès l’âge de 6 mois deux fois par semaine (pas davantage pour éviter l’accumulation de PCB et méthyl-mercure). Autre peur parentale injustifiée et malvenue, à l’égard des glucides complexes cette fois, céréales (blé, maïs, riz, etc.) et féculents (pommes de terre et légumes secs). Ils doivent pourtant figurer à tous les repas : céréales dans le biberon du soir et éventuellement le matin dès 5 mois, biscuit ou croûte de pain à partir de 6-8 mois, semoule à la cuillère, pommes de terre avec les légumes et légumes secs (à mixer jusqu’à 18 mois).
Alments allergisants
Au total, 50 % des calories doivent être apportées par les glucides, simples (à limiter) et principalement complexes, les protéines ne devraient représenter que 5 à 6 % des apports énergétiques totaux. Un rééquilibrage des apports est manifestement nécessaire ! « Enfin, la diversification, y compris pour les produits possiblement allergisants chez des enfants à risque (quand leurs parents le sont, allergiques), est devenue très simple », se réjouit le pédiatre. Toutes les études concordent : l’acquisition de la tolérance se fait très tôt, dès in utero où des fragments protéiques de ce qu’ingère la maman parviennent au fœtus via le placenta, puis lors de l’allaitement. La diversification, entre 4 et 6 mois (6 mois pour les anciens prématurés), avec les aliments réputés les plus allergisants, poisson, fruits de mer (cuits jusqu’à un an), kiwi ou œuf, permet de ne pas rompre ce processus d’acquisition. « La seule recommandation spécifique qui tienne encore, souligne le Dr Bocquet, c’est que cette introduction se fasse à doses modérément croissantes. »
Enfin, s’agissant du gluten (blé, seigle et orge), la détermination du groupe HLA DQ2 ou DQ8 et les dosages d’anticorps IgA anti-transglutaminase, sensibles et spécifiques (en l’absence de déficit en IgA), semblent actuellement suffisants à affirmer le diagnostic de maladie cœliaque, sur une cassure de la courbe de croissance, un transit perturbé, etc., en faisant l’économie d’une biopsie de grêle. Pour les autres, sensibles au gluten, ils seraient plutôt sensibles aux foodmaps (les aliments fermentescibles, bonbons sans sucre, certains fruits ou légumes, et le gluten donc). Le moment de l’introduction du gluten, tôt ou tard (elle se fait actuellement autour de 6 mois), ne paraît pas avoir d’incidence sur la survenue d’une intolérance au gluten, la progressivité de cette introduction restant la règle.
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