La taille critique des maternités en question

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Publié le 15/09/2023
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Plus que le nombre de maternités, c'est l'existence en leur sein de plateaux techniques et la présence de professionnels de santé en nombre qui déterminent la sécurité des soins, estiment les sociétés savantes. Mais le regroupement des structures passe mal dans la société.

Crédit photo : Phanie

« Nos maternités sont au bord de la rupture », alertaient plusieurs sociétés savantes en mars dernier dans Le Monde. « Tous les indicateurs sont au rouge », déplorent-ils, rappelant que la France est passée en 20 ans du 2e au 25e rang européen en matière de mortalité infantile. Une enquête de Santé publique France (2013-2015) estime par ailleurs que 70 % des décès liés à la grossesse, à l’accouchement ou à leurs suites seraient « évitables » ou « peut-être évitables ».

Inquiets de cette dégradation, les signataires appelaient à des Assises nationales pour repenser le système de soin périnatal : des conditions de travail dans les maternités au recours à des intérimaires « qui n’ont pas toujours une bonne connaissance des services », en passant par un regroupement des équipes sur des plateaux techniques.

Sur ce dernier point, l’enjeu n’est pas financier, selon le Pr Jean-Christophe Rozé, professeur de médecine à Nantes Université et président de la Société française de néonatalogie, qui a signé la tribune : « La population demande des maternités de proximité, mais ce modèle n’est pas compatible avec une amélioration de la qualité de la prise en charge. Les grosses structures permettent d’avoir les équipements nécessaires et les ressources humaines suffisantes pour assurer la sécurité des soins. La question n’est pas assez discutée de manière transpartisane. Le sujet reste tabou et les politiques sont terrorisés face à ce problème ».

En Suède, où le regroupement des professionnels a fait chuter le nombre de maternités à 200 dans le pays (contre 450 en France), le taux de mortalité infantile a baissé de 20 % ces dix dernières années, rapporte le Pr Rozé.

E.B.

Source : Le Quotidien du médecin