LES ACCIDENTS de la vie courante (AcVC) demeurent la première cause de mortalité, de séquelles physiques, fonctionnelles et esthétiques, et d’hospitalisation chez les enfants de moins de 15 ans, déplore le Dr Bertrand Chevallier (hôpital Ambroise Paré, Boulogne-Billancourt). Certes, la situation en France s’est globalement améliorée depuis les années 1980, mais avec des résultats insuffisants et des bénéfices qui ont davantage profité aux populations favorisées. C’est dans ce contexte qu’apparaissent chaque année de nouveaux AcVC. Ces accidents émergents résultent d’un mauvais usage d’appareils utilisés pour lutter contre le surpoids (tapis d’exercice motorisé) ou pour détruire les documents qui pourraient servir à l’usurpation d’identité (destructeur de papier), du non-respect des conditions d’utilisation de produits obligatoires (siège auto) ou non (siège de bain), de nouvelles modes décoratives (table en verre, stores vénitiens), de l’ingestion de matériels toxiques (mini-aimants) et de l’engouement pour les nouveaux animaux de compagnie (NAC). Un phénomène à prendre d’autant plus en considération que, comme le note le Dr Isabelle Claudet (hôpital des Enfants, CHU de Toulouse), « l’imagination est débordante et les possibilités multiples, sans cesse renouvelées ».
Dangers potentiels.
Quatre-vingts pour cent des AcVC provoqués par les tapis motorisés concernent les enfants de moins de 5 ans, avec une atteinte prédominante des mains (75-85 %). Il s’agit de brûlures par friction, de faible surface, mais profondes, nécessitant une greffe cutanée dans 30 % à 47 % des cas.
Les AcVC liés à l’utilisation des destructeurs de papier surviennent lors de l’utilisation de la machine par un adulte ou de l’enseignement de son fonctionnement à un jeune enfant. La moitié concerne des enfants de moins de 3 ans. Les lésions prédominent au nouveau des mains, avec un taux d’amputation non négligeable (17 %). Aucun des appareils testés par la CPSC (Consumer Product Safety Commission) américaine en 2006 n’était sécuritaire pour les enfants, indique le Dr Claudet. Facilement accessibles à un enfant de 15 mois, ils ont une ouverture trop souple ou trop large « autorisant l’insertion des doigts », une distance entre ouverture et lames trop courtes « rendant possible l’accès des doigts d’un nourrisson aux parties coupantes », ne sont pas munis de coupe-circuit. En outre, il est difficile de désadapter les lames coupantes de leur partie supérieure et, donc, « d’extirper les doigts blessés ».
Deux autres appareils du mobilier usuel sont impliqués dans un nombre croissant d’AcVC. D’une part, l’ordinateur sur lequel l’enfant trébuche ou tombe et qui est à l’origine de lésions volontiers céphaliques (76 % chez les moins de 5 ans). D’autre part, les téléviseurs grand écran à tube cathodique, encore présents dans 6 foyers sur 10, qui chutent sur l’enfant principalement lorsqu’il escalade le meuble (70 %). Ces accidents surviennent surtout chez les moins de 4 ans (70 %), provoquent le plus souvent des lésions de la tête et du cou (60-85 %) et nécessitent une hospitalisation dans 40 % des cas, dont un quart en unité de soins intensifs ou en réanimation. Quant aux accidents relatifs aux tables en verre, ils ne concernent que celles en verre non trempé et ne devraient plus se voir en France où ce type de matériel est interdit.
Parmi les nouveaux AcVC figurent également ceux liés à un détournement de la fonction première des sièges auto pour bébé (cosy) qui se produisent notamment à domicile lorsqu’ils sont posés sur un meuble, et au mésusage des sièges de bain à l’origine de noyades.
À utilisation décorative.
Suivre les modes décoratives n’est pas non plus sans danger pour les enfants. Des cas d’étranglement par les cordons et boucles de levée des stores vénitiens, romains ou à rouleaux ont en effet été rapportés. En ce qui concerne les foyers à l’éthanol, la prudence reste de mise, conformément à l’avis émis en 2008 par la Commission de sécurité des consommateurs. Celle-ci souligne les risques de brûlure, d’intoxication et d’incendie liés en particulier à l’extrême inflammabilité du combustible utilisé. « Ces appareils rejettent autant de CO2 que les autres », précise le Dr Claudet. En attendant la mise en place d’une législation plus stricte, leur achat doit être déconseillé.
Par ailleurs, l’ingestion ou l’introduction nasale de mini-aimants en néodyne, présents dans des jouets et utilisés pour les piercings, peut entraîner des perforations digestives. La conduite à tenir dépend du nombre d’aimants ingérés et de leur localisation : présence dans l’estomac de plus de deux aimants nécessite une extraction par endoscopie pour plus de deux aimants dans l’estomac et surveillance hospitalière pour les aimants dans l’intestin.
Enfin, le risque de zoonoses transmises par les NAC est souvent méconnu des médecins, par exemple celui de salmonelloses avec les rongeurs et les reptiles dont 90 % sont porteurs de salmonelles. Ces infections peuvent être sévères en particulier chez les plus jeunes enfants.
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