La croissance de l'enfant est classiquement divisée en trois phases. De 0 à 4 ans, une phase de croissance rapide, où l'enfant rejoint son couloir cible. De 4 ans à la prépuberté, une croissance lente, de 5-6 cm par an, pas de changement de couloir. Puis il y a un pic de croissance pubertaire : la fille prend plus de 20-25 cm, avec une augmentation du volume des seins, et le garçon plus de 25-30 cm avec une augmentation du volume testiculaire.
La mesure de la taille se fait avec l'enfant couché s'il mesure moins de 1 m. Il faut réaliser au moins deux mesures successives pour une valeur fiable.
La taille cible familiale d'une fille est égale à (la taille du père + la taille de la mère – 13) divisé par deux. Pour un garçon, elle est égale à (la taille du père + la taille de la mère + 13) divisé par deux (formule non valable si les deux parents ont une grande différence de taille).
Quatre situations où il faut explorer la croissance
Au regard des courbes de croissance, il existe quatre situations justifiant une exploration de la croissance :
• une taille < 2,5 DS pour l'âge et le sexe ;
• une taille < – 2 DS et une vitesse de croissance diminuée (VC < – 1DS) ; ou une perte de 0,5 DS en 1 an ;
• une taille < – 1,5 DS de la taille cible familiale ;
• une taille normale, avec VC < – 2 DS en1 an.
À l'interrogatoire, on recherchera les données auxologiques de naissance et des antécédents néonatals orientant vers un déficit hypophysaire congénital (hypoglycémies ou ictère néonatals, micropénis, syndrome de ligne médiane), les antécédents familiaux (petites tailles, âges pubertaires des parents).
Il faut également rechercher des facteurs de risque de déficit hypophysaire (méningite, hydrocéphalie, traumatisme crânien, irradiation crânienne), des symptômes digestifs et autres plaintes fonctionnelles orientant vers une maladie générale et la prise de médicaments avec retentissement possible sur la croissance (corticoïdes, neurostimulants).
L'examen clinique doit être complet avec mesure du périmètre crânien si l'enfant est âgé de moins de 4 ans.
Il faut aussi analyser les courbes de croissance pour préciser l'évolution staturale et pondérale et préciser le moment de divergence.
Analyser aussi le poids
« En évaluant le poids, trois situations peuvent être rencontrées », a expliqué la Dr Sarah Castets (CHU Timone-Enfants, Marseille). Le poids peut diminuer avant la taille, le poids peut augmenter et la taille diminuer, ou encore on constate une diminution concomitante de la taille et du poids. »
Un retentissement de la croissance staturale associé à une accélération pondérale doit faire rechercher trois causes : une hypothyroïdie (TSH, T4L), un hypercorticisme (cortisol libre urinaire des 24 heures, cortisol, ACTH) ou une tumeur hypothalamo-hypophysaire (IRM). La craniopharyngiome est la tumeur la plus fréquente chez l'enfant.
Un retard statural associé à une mauvaise prise de poids implique de rechercher des éléments d'orientation vers une maladie générale (maladie de Crohn, arthrite chronique juvénile, insuffisance rénale, tubulopathie, maladie cœliaque ou déficit en hormone de croissance).
Le caryotype chez les filles de petite taille est systématique, les signes de syndrome de Turner pouvant être discrets, voire absents.
Enfin, un enfant dit « petit pour l'âge gestationnel » a une taille de naissance < -2 DS des courbes de référence. Il peut s'agir d'un retard de croissance intra-utérin idiopathique ou syndromique (microcéphalie ou macrocéphalie). Dans 10 % des cas, il n'y aura pas de rattrapage statural à l'âge de 4 ans, sans cause identifiée. Ces enfants ont alors un risque de petite taille finale (- 5 cm en moyenne). Ils doivent bénéficier d'une prise en charge par un traitement par hormone de croissance.
Communication de la Dr Sarah Castets (Marseille)
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