Un diagnostic ignoré dans 2/3 des cas

Le repérage précoce de la BPCO

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Publié le 03/02/2020
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On estime que deux personnes atteintes de BPCO sur trois ignorent leur maladie. Or une prise en charge globale précoce est le seul levier sur lequel peser pour éviter la destruction du parenchyme pulmonaire. Les médecins généralistes ont un rôle essentiel à jouer pour repérer précocement des symptômes peu parlants.
 La mesure du souffle par les généralistes se fait couramment dans d'autres pays

La mesure du souffle par les généralistes se fait couramment dans d'autres pays
Crédit photo : Phanie

« Il est bien prouvé maintenant que si la BPCO est diagnostiquée et prise en charge tôt, son pronostic est bon, alors que si on attend qu'elle soit symptomatique, la destruction du parenchyme pulmonaire ne permet plus de revenir en arrière, avec risque d'évolution délétère vers une insuffisance respiratoire oxygénodépendante », insiste la Docteur Anne Prud'homme, pneumologue, à la clinique médicale et cardiologique d'Aressy (Unité de l’asthme et des bronches, 65).

Formation nécessaire

La spirométrie est l'élément clef du diagnostic de BPCO, mais le médecin généraliste peut maintenant disposer d'outils de mesure du souffle faciles d’emploi, de plus en plus miniaturisés et fiables. La mesure du souffle par les généralistes se fait couramment dans d'autres pays comme en Belgique. Cela suppose une formation pour assurer la qualité de la mesure et de l'interprétation, mais les médecins peuvent bénéficier de formations notamment en ligne comme celles proposées par la SPLF. Ils peuvent aussi être épaulés par les sociétés de service qui proposent ces outils.

La Caisse nationale d'Assurance-maladie (CNAM) a lancé une expérimentation en distribuant des spiromètres à un certain nombre de médecins généralistes. On attend les résultats de leur retour sur l'utilisation de ces spiromètres, la faisabiliité, l'aide apportée dans leurs pratiques, les difficultés soulevées, etc. Cette mesure est cotée comme un acte médical, et donc valorisé dans tous les sens du terme.

Toute la difficulté est de repérer les symptômes précoces comme la dyspnée, en allant au-delà des explications avancées par le patient, le poids, le manque d'activité physique, etc. Il faut traquer les informations, et même si le motif de la consultation n'est pas respiratoire, s'enquérir de la notion de tabagisme et de là, interroger sur la symptomatologie. Les très nombreux questionnaires destinés à l'approche de la BPCO peuvent constituer une aide supplémentaire, mais ils sont peu utilisés par les médecins. Ils pourraient être laissés dans la salle d'attente afin que les patients les remplissent.

Chez des femmes jeunes

Autre aspect trompeur, le profil des patients a changé. « La question de la BPCO ne se pose plus chez le cow-boy sur le retour, mais chez des femmes, des jeunes, avec des diagnostics de BCPO qui ne sont plus si rares à 35 ans ». Les facteurs de risque ont aussi changé, puisqu'à côté du tabac, d'autres s'ajoutent et se cumulent, comme la pollution environnementale ou domestique.

La prise en charge est globale, et ce n'est pas le médicament qui est en première ligne. Elle repose en premier sur l'éviction des toxiques, au premier rang desquels le tabac, mais aussi la réadaptation à l'effort. « C'est une maladie qui nécessite de coacher le patient », poursuit la pneumologue. Dans les stades I et II, une filière de soins bien structurée avec le médecin traitant, le pneumologue, le kinésithérapeute, l'IDE devrait permettre de piloter un certain nombre de ces patients.

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin