La communication de la Dr Sarah Tebeka (Hôpital Louis Mourier, Ap-Hp, Colombes) sur « La dépression, l’anxiété et les idées suicidaires à deux mois du post-partum à partir des données de l’Enquête nationale périnatale [ENP] 2021 » a reçu le Prix du Congrès.
L’enquête ENP de 2021, la sixième depuis 1995, permet de faire un état des lieux complet des pratiques médicales pendant la grossesse et l’accouchement ainsi que des caractéristiques démographiques et sociales des femmes. Elle a été conduite en mars 2021 auprès de 12 723 femmes. Pour la première fois, elle s’est enrichie d’un suivi des femmes deux mois après leur accouchement, avec un intérêt particulier porté à leur santé mentale. L’objectif était d’estimer la prévalence de la dépression, de l’anxiété et des idées suicidaires deux mois après l’accouchement.
La dépression du post-partum peut entraîner des conséquences délétères, tant sur la mère que sur le nouveau-né (déficit cognitif, troubles du langage ou du sommeil, risque accru de troubles psychiatriques, etc.). Rappelons que ce trouble n’a rien à voir avec le baby blues, qui est un évènement transitoire, la semaine qui suit l’accouchement, et qui dure de sept à dix jours.
Deux femmes sur cinq anxieuses
Les données ont porté sur 7 133 femmes majeures accouchées en France et ayant complété les dix items de l’auto-questionnaire Edinburgh postnatal dépression scale (EPDS). La part des femmes ayant consulté un professionnel de santé pour des difficultés psychologiques en cours de grossesse est en augmentation (8,9 % en 2021, contre 6,4 % en 2016).
Deux mois après l’accouchement, 16,7 % (IC95 [15,7-17,7]) des femmes présentent une dépression post-partum (EPDS ≥ 13). Parmi celles-ci, 83,2 [80,6-85,7] % présentaient également une symptomatologie anxieuse et 23,8 [12,1-26,9] % des idées suicidaires.
L’anxiété touchait au total 27,6 [26,5-28,8] % des femmes de la cohorte et les idées suicidaires 5,4 [4,7-6,1] %.
Il a été relevé une disparité régionale importante, pour la dépression post-partum comme pour l’anxiété, avec une prévalence variant de 11,5 % en Bourgogne Franche-Comté à 21,6 % en Centre-Val-de-Loire concernant la dépression post-partum, et de 22 % en Normandie à 33,6 % en Centre-Val-de-Loire pour ce qui était de l’anxiété.
Un rôle du Covid ?
Il faut toutefois noter que l’enquête de terrain s’est déroulée au cours de la troisième vague de la pandémie de Covid-19, et ce contexte particulier doit être pris en compte pour l’interprétation de certaines évolutions décrites dans le rapport. Mais il n’a pas été possible d’expliciter formellement les liens éventuels entre la dégradation de la santé mentale périnatale et celle de la population générale, liée au contexte pandémique.
Cependant, ces résultats sont en accord avec les données internationales publiées. Ils soulignent le caractère fondamental des politiques de prévention, de repérage et de soutien des femmes en période périnatale, à travers par exemple les entretiens pré et postnataux. D’autres analyses permettront de définir les profils des femmes les plus à risque. Il existe en effet de nombreux facteurs de vulnérabilité.
Exergue : Les entretiens pré et postnataux doivent permettre de renforcer la prévention
Session « Prix du Congrès »
Article précédent
Conséquences psychiatriques du Covid
Article suivant
L’innovation en danger
La dépression résistante revue et corrigée
Nombreuses voies de recherche dans la dépression
Bipolarité : retour en force du lithium
Conséquences psychiatriques du Covid
La dépression du post-partum en hausse
L’innovation en danger
Grossesse et schizophrénie
Vortioxétine en vie réelle
Un marqueur de crise suicidaire
Les SMS du congrès de l’Encéphale 2023
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?