L'offre de contraceptive masculine reste très limitée, certes puisque la grossesse concerne les femmes en premier lieu, mais aussi à cause d'un manque de techniques à la fois sûres et peu contraignantes. Actuellement, seuls le préservatif et la vasectomie ont une efficacité prouvée, cette dernière étant plutôt une stérilisation, a priori définitive.
Longtemps considérée par la législation française comme une mutilation, la vasectomie a commencé à être envisagée comme une méthode de contrôle des naissances au cours de la 2e guerre mondiale et un vaste programme a été lancé en 1954 en Inde. En France, elle n’a été reconnue et autorisée comme méthode contraceptive qu’en 2001. Elle est réservée aux hommes majeurs, quel que soit leur âge, qui ont donné leur consentement éclairé après 4 mois de réflexion. Il n'y a pas de condition de nombre d'enfants ou de statut marital.
C’est une intervention chirurgicale simple sous anesthésie locale, les risques chirurgicaux sont faibles et les contre-indications limitées. Les complications (6 % en moyenne) sont généralement bénignes : hématomes, infection, épididymite congestive transitoire, nodule cicatriciel, et très rarement une douleur qui se chronicise (0,1 %).
L’avantage est qu’elle n’affecte en rien la production d’hormones masculines. L’éjaculation est normale (mais l’éjaculat ne contient plus de spermatozoïde). Elle n’influe donc pas sur la libido et les capacités sexuelles. « Les troubles sexuels après vasectomie sont purement psychogènes et relèvent d’une confusion entre les représentations de la virilité et de la sexualité, souligne le Dr Ben-Naoum. Certains hommes peuvent l’assimiler à une castration et développer des troubles du désir. Aussi est-il essentiel de bien évaluer auparavant le patient sur le plan psychologique ». Le patient doit savoir que la vasectomie est très efficace mais avec un effet retard : jusqu’à 3 mois ou 20 éjaculations après l’intervention.
Dans 1 à 3 % des cas, les hommes regrettent ultérieurement leur vasectomie et demandent à utiliser leurs paillettes de sperme congelé voire à bénéficier d’une re-perméabilisation déférentielle, intervention délicate faite sous microscope et dont le taux de réussite est bas (moins de 40 % de grossesses). « Il faut donc présenter cette technique comme une stérilisation définitive et systématiquement conseiller la conservation du sperme au Cecos », insiste l’urologue.
Intervention du Dr Kamel Ben-Naoum, urologue/sexologue (Nîmes)
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